Notre compagnon de route, Antoine Berteloot, nous a quittés le 2 août 2024, à l’âge de 67 ans, après avoir lutté vaillamment contre un cancer qui s’était déclaré trois ans plus tôt. Avec sa disparition, c’est tout un pan de l’histoire récente du magazine Neptune qui s’en va.
Ancien de Bateaux et de Pêche en Mer, Antoine avait rejoint la rédaction en septembre 2003. Pendant dix-huit ans, il fut la cheville ouvrière du magazine, sa caution technique aussi, tant sa connaissance en mécanique marine et en architecture navale était grande. Il est vrai qu’avant d’embrasser la carrière de journaliste bateau, ce natif de Nantes avait beaucoup bourlingué dans sa jeunesse.
Tour à tour marin au long cours des côtes d’Afrique occidentale à la mer Rouge, convoyeur transatlantique de voiliers de course, capitaine de vedette à passagers entre Hyères et Porquerolles, Antoine avait engrangé très tôt les expériences qui nourrissaient sa passion d’enfance pour la mer et les bateaux.
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Antoine Berteloot © Neptune yachting[/caption]
A la toute fin des années 80, son bagage maritime et ses amitiés dans le milieu de la voile de compétition lui valent d’être engagé au PC Course du premier Vendée-Globe où il est en contact direct avec les concurrents. Peu après, Il s’établit près de Marseille pour devenir rédacteur dans divers journaux régionaux avant d’être recruté par Michel Kumpf, le fondateur de Pêche en Mer qui lui confie l’écriture de tous les essais bateaux du magazine.
De ses années de bourlingues, Antoine avait cultivé une image de vieux loup de mer et un caractère à la Tabarly parfois bourru qui masquaient une profonde humanité.
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Antoine Berteloot © Neptune Yachting[/caption]
A Neptune, ce lecteur boulimique de polars était devenu au fil des ans le « Monsieur Croisière » du mensuel. Nul autre que lui n’avait le talent pour raconter des récits de voyages vivants et hauts en couleur, surtout lorsqu’il quittait la grisaille parisienne pour des destinations exotiques ! Les Caraïbes étaient son rayon de soleil. C’est là-bas qu’il se sentait vraiment vivre.
Mais plus que tout, Antoine s’épanouissait dans les navigations longue durée qui revêtent un parfum d’aventure. On se souvient encore de son reportage rocambolesque lors du convoyage d’un Windy 42 d’Alexandrie à El Gouna aux confins de l’Egypte. Après une descente du canal de Suez épique, notre journaliste avait affronté en mer Rouge une tempête mémorable qui aurait pu très mal se terminer. Il était revenu de cette navigation un peu secoué racontant cette péripétie avec son humour très pince-sans rire qui le caractérisait.
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Antoine Berteloot © Neptune Yachting[/caption]
Comme Camus, Antoine aurait pu dire «
oui, j’ai beaucoup aimé la mer – cette immensité calme - ces sillages recouverts - ces routes liquides. »
En homme libre, il a souhaité que ses cendres soient dispersées au large de Belle-île, un lieu d’une beauté rude et secrète qui lui ressemblait. C’était le meilleur des camarades. Il va cruellement nous manquer.
Les rédactions de Neptune, Moteur Boat, Voile Magazine, et Pêche en Mer partagent l’immense peine de sa fille Lola, son fils Etienne, de toute sa famille et amis proches.