«Selon des informations reçues, la Maison Blanche est extrêmement mécontente de l'évolution de la situation en Géorgie à la veille des élections législatives», a déclaré le 26 août le bureau de presse du Service de renseignement étranger (SVR) de Russie.
Dans son communiqué, le SVR assure qu’une victoire du parti au pouvoir, Rêve géorgien, lors des prochaines élections législatives prévues le 26 octobre, est un scénario «inacceptable» pour l’administration américaine. En conséquence, Washington pourrait d’ici le scrutin «accroître massivement la pression» sur Rêve géorgien, «afin d'affaiblir autant que possible» sa position électorale. «Il est prévu d'utiliser des "outils éprouvés" pour introduire des sanctions personnelles contre les principaux "rêveurs", les membres de leurs familles ainsi que les sponsors des partis», stipule le service russe.
«Dans le même temps, des préparatifs sont en cours pour une "révolution de couleur"», ajoute-t-il. «Pour se faire, les ONG pro-occidentales géorgiennes recrutent un grand nombre de personnes pour surveiller étroitement le déroulement du scrutin», précise le SVR. Selon cette même source, il est prévu de publier des «preuves de fraude» lors du scrutin.
Une alerte du SVR qui, visiblement, n’a pas surpris à Tbilissi. «Cela ne nécessite pas de déclarations des services secrets ou des services spéciaux russes : les opposants sont sortis et ont prêché directement la révolution», a déclaré le 26 août à la presse le secrétaire général de Rêve géorgien, interrogé sur les informations du service russe.
«On dit que le soleil se lève à l'est. Et s’ils disent la même chose en Russie, ne devrions-nous pas être d’accord ?», a pour sa part commenté Guram Macharashvili, membre du parti progouvernemental Pouvoir du peuple, cité par l’agence TASS.
Ce n’est pas la première fois que le SVR brandit une telle menace, à l’aune des élections législatives dans ce pays du Caucase. Dans une note rendue publique début juillet, le service de renseignement russe avait mis en avant des données indiquant «que Washington était déterminé à parvenir à un changement de pouvoir en Géorgie».
«L’administration Biden a déjà développé une campagne d’information à grande échelle pour discréditer le parti au pouvoir, Rêve géorgien», avait ajouté le SVR dans ce communiqué publié le 9 juillet. Une date également marquée par l’annonce, par l’ambassadeur de l’Union européenne à Tbilissi, de la suspension du processus d’adhésion de la Géorgie au bloc européen, ainsi que le gel d’une aide de 30 millions d’euros qui devait être versée au ministère géorgien de la Défense.
Quelques jours plus tôt, le Pentagone avait annoncé la suspension des exercices militaires conjoints américano-géorgiens qui devaient débuter fin juillet. Depuis, la diplomatie américaine a suspendu une aide au gouvernement géorgien de 95 millions de dollars, accusant ce dernier d’«actions antidémocratiques» et de «fausses déclarations», «incompatibles avec les normes d’adhésion à l’UE et à l’OTAN».
«Bien que nous suspendions notre aide au gouvernement géorgien en raison de ces actions, les États-Unis continueront de soutenir les programmes et activités qui bénéficient au peuple géorgien en renforçant la démocratie, l’État de droit, les médias indépendants et le développement économique», stipulait le département d’État.
Des gels de coopérations entre la Géorgie et des chancelleries occidentales qui s’inscrivaient dans le contexte de tensions suscité par la présentation au Parlement géorgien d’un projet de loi sur les agents de l’étranger visant à obliger les médias et les ONG recevant plus de 20% de leur financement de l’étranger à s’enregistrer comme étant sous influence étrangère.
Un texte jugé contraire aux aspirations d’adhésion de Tbilissi au bloc européen. Témoignage de ces tensions, au cours du processus parlementaire, le Premier ministre géorgien Irakli Kobakhidzé avait dénoncé le «chantage» d’un commissaire européen qui aurait fait allusion à la tentative d’assassinat du Premier ministre slovaque Robert Fico.
Après l’adoption définitive du texte fin mai, surmontant même le veto de la présidente pro-occidentale Salomé Zourabichvili, la Commission européenne avait déclaré que l’UE regrettait «profondément» cette décision du Parlement géorgien. La Commission avait alors indiqué, dans la foulée du vote, étudier «toutes les options possibles» pour y répondre.