Les 37 Figaristes ont été plongés d’entrée de jeu dans le vif du sujet avec une première nuit agitée et une matinée tonique. Emmenée par Alexis Loison (Groupe REEL) depuis le milieu de la nuit, la flotte fait désormais route quasi directe vers Wolf Rock, où sera jugé le Sprint Intermédiaire de la première étape de la course. Au pointage de 16h30, Alexis Loison comptait 0,6 mille d’avance sur Loïs Berrehar (Skipper Macif 2022), 1 mille sur Basile Bourgnon (EDENRED).
Le début de course n’a rien eu d’un long fleuve tranquille. Les concurrents, qui ont enchaîné les virements de bord le long du chenal du Havre, ont dû ensuite composer avec le courant, une mer parfois chaotique et un trafic maritime toujours très dense dans la Manche. Les marins ont atteint la pointe de Barfleur aux alentours de minuit, face au courant, ce qui les a forcés à se prêter au jeu du rase-cailloux. Ce dernier n’a pas souri à Louise Acker (Région Bretagne – CMB Océane), qui a talonné. La navigatrice a rejoint le port de Cherbourg par ses propres moyens et a été contrainte d’abandonner sur cette première étape. Les autres concurrents, emmenés par Alexis Loison, ont pu bénéficier de la renverse de courant peu après avoir passé Cherbourg. Le passage du raz Blanchard s’est opéré dans une mer hachée peu avant 6h ce matin. Après une matinée tonique, les marins, qui sont sortis du rail des cargos, essaient de s’accorder un peu de repos pour recharger les batteries avant d’affronter le passage d’un front la nuit prochaine.
Cap sur Wolf Rock
L’heure des premiers choix a ensuite sonné au large des îles anglo-normandes avec un point de virement assez important. « Certains, à l’instar d’Alexis Loison, ont décidé de virer pour être sur une position plutôt sud, d’autres, comme Basile Bourgnon (EDENRED) plutôt nord. Tout cela va se dessiner à la fin du long bord bâbord parce que si pour l’instant, tous font cap à l’ouest-nord-ouest, le vent est en train de basculer à gauche au fur et à mesure. Ils ne devraient pas être loin d’aller à Wolf Rock en un seul bord », décrypte Yann Chateau, Directeur de Course. « Ceux qui ont opté pour le nord ont choisi une route plus courte mais bénéficient d’un moins bon angle que les autres pour aller vite jusqu’à Wolf Rock. Les partisans de l’option sud se sont un peu rallongé la route ce matin mais ont un meilleur angle et sont plus rapides », poursuit-il. La flotte est attendue à Wolf Rock à partir de 1h selon le retour le plus rapide dans la nuit de lundi à mardi, dans un flux de sud avoisinant les 20 nœuds, avec des rafales à 25 nœuds. Situé à l’ouest de la Cornouaille anglaise, ce waypoint déterminera le vainqueur du Sprint Intermédiaire de la première étape de la course.
Les marins entameront ensuite la descente vers Gijón toujours dans un flux de sud, qui les empêchera de faire route directe vers l’Espagne. Ils devront donc choisir entre une route sud-ouest ou sud-est, ce qui laissera place à un peu de jeu en fonction de leur préparation et des modèles météo. « Les routages s’étalent sur plus de 100 milles nautiques en latéral au nord de la Bretagne d’ouest en est. J’ai hâte de voir les options qui vont se dessiner et comment les choses vont évoluer demain », conclut le Directeur de Course.
De leur côté, les huit duos inscrits sur le Défi Paprec, qui ont également rencontré des conditions difficiles la nuit dernière, font eux aussi route vers Wolf Rock. A 15h45, Hugo Le Clech et Arthur Meurice (Mieux) étaient en tête, devant Pier Paolo Dean et Tiphaine Rideau (DeanRacingTeam) et Normandy Offshore Program by Paprec (Pierrick Letouzé/Lola Billy).
Ils ont dit (à la vacation de ce midi) :
Basile Bourgnon (EDENRED) : « La mer est un peu plus plate ce midi. Ça nous permet d’enchaîner les siestes pour refaire le plein d’énergie. On a environ 1 mètre à 1,5 mètre de houle. Ce n’est pas forcément gênant. Le vent souffle à environ 13 nœuds en moyenne. On est au près, sur un bord direct. »
Chloé Le Bars (Endoreizh) : « Je prends du temps pour me reposer un peu après une nuit bien agitée. J’ai une petite voie d’eau par la trappe de mon foil. J’ai vidé 20 seaux depuis le départ. Comme le bateau est plus à plat, l’eau rentre beaucoup moins. Les conditions sont enfin chouettes avec une quinzaine de nœuds. Je suis sous le vent du plus gros du paquet, il y en a encore un peu sous mon vent mais après mon départ un peu loupé, ça me va. Je tente un positionnement sous la flotte pour essayer de revenir. On devrait avoir un envoi de gennaker en fin de journée, j’espère que l’angle sera bon pour pouvoir bien composer avec le paquet du dessus. La météo ne fait pas trop rêver pour la suite mais on va faire avec ».
Hugo Dhallenne (YCSL – Primatice – SLB Pharma) : « La suite de la course va être tonique avec le passage d’un front. Je suis à ma troisième sieste de 20 minutes. Il faut que j’arrive à les enchaîner pour reprendre des forces. Depuis deux heures, notre route nous permet de mettre les écoutes au taquet, le pilote sur marche et d’aller dormir un peu, il faut juste être vigilant à l’approche du rail des cargos et des algues. ».