Pas de sécheresse cette année en Corrèze, mais pour les agriculteurs, la situation n’est pas plus favorable. En cause, la pluie qui n’a cessé de tomber d’octobre à juillet, gorgeant les sols d'eau.
Stéphane Martignac, chargé de la production fourragère et de l’adaptation au changement climatique à la Chambre d’agriculture, dresse un état des lieux.
De la quantité, mais pas de qualité« Les parcelles ont été ensemencées parfois avec deux mois de retard, en décembre au lieu d’octobre. Certaines n’ont rien donné et cela a nécessité de ressemer avec des céréales de printemps. Pour avoir une seule récolte, il a fallu semer trois fois ! », note le spécialiste.
Quant aux foins, « cela a été très compliqué, cette année, de trouver une fenêtre météo. La récolte a été décalée de début juin à début juillet ». Impossible, en effet, de rentrer dans les champs sous peine de s’y embourber. « On n’avait pas vu autant d’eau depuis longtemps. Si la quantité de fourrage est là, on n’a pas de qualité. Il faudra faire des mélanges, corriger avec des compléments azotés, des céréales », poursuit-il.
Cette météo humide a aussi joué sur la gestion des pâturages.
Cela s’est ressenti sur l’état des sols et certains éleveurs ont été contraints de remettre un peu les animaux en bâtiments.
Aucune terre en Corrèze n’a véritablement été épargnée, mais cela a été encore plus compliqué dans les zones argileuses. « Certains agriculteurs ont même vu réapparaître des sources qu’ils ne connaissaient pas ! », souligne Stéphane Martignac.
Dépérissement des fruitsConcernant les cultures à destination de l’alimentation humaine, la situation n’est pas enviable. Karine Barrière, responsable du Pôle végétal à la Chambre, assure que les quantités d’eau ont été « problématiques » pour toutes les cultures extérieures.
« Les blés ne se sont pas développés, les noyers ont eu les pieds dans l’eau longtemps et ce sera donc compliqué pour les noix, les semis n’ont pas pu avoir lieu dans les temps. Il y a aussi des conséquences sanitaires avec des maladies qui se développent », liste-t-elle.
Tomates et raisins touchés par le mildiouMûres et framboises dépérissent. « Même pour ceux qui ont planté sur de petites buttes, ça n’a pas suffi ». Les tomates ont le mildiou et si l’eau est bénéfique aux pommes de terre, « trop d’eau fait pourrir les tubercules ».
Les producteurs ont observé beaucoup de dépérissements et des maladies fongiques apparues sur les fruits rouges. « Le système racinaire a lâché », explique Karine Barrière, qui relève aussi la difficulté pour le désherbage mécanique.
Concernant la vigne, la situation est très critique, également, avec le mildiou qui explose. « Les viticulteurs avaient déjà été victimes du gel, certains ne voulaient même plus aller voir leur vigne ».
La Chambre tente au mieux de les soutenir. « Ce qui se passe cette année a des conséquences sur l’année prochaine, glisse Karine Barrière. Mais cela devient compliqué d’orienter les producteurs. Aux contraintes météo, s’ajoutent des problématiques de marché. Sur la framboise, par exemple. En 20 ans, je n’ai jamais vu un marché aussi catastrophique. Il n’y a pas de consommation ».
Laetitia Soulier