Qui a dit que les pop stars devaient rester cantonné·es au rang de faiseur·se de tubes ? En voilà une case étriquée que Dua Lipa se fait un plaisir de démâter, elle qui a composé pour le grand écran (Dance Tonight, bande originale du film Barbie), codessiné une collection capsule pour la marque de luxe italienne Versace… et plus récemment, décidé de remettre la lecture au goût du jour en créant son propre book club, à l’heure où les écrans règnent en maîtres (et les bouquins un peu moins, forcément).
Pourtant, il semble que cette initiative – intitulée Service95 – soit justement née suite à de nombreuses requêtes d’internautes, curieux·ses de savoir quels livres trônaient sur la table de nuit de Dua Lipa (drôle de paradoxe).
“D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu un livre avec moi, où que j’aille”, écrivait cette dernière sur Instagram (dans une publication supprimée depuis) parlant de la lecture comme “l’une de [ses] plus grandes inspirations”. Une passion de longue date qu’elle s’échine donc à partager, invitant qui le veut à lire un ouvrage par mois (sélectionné par ses soins) sur son site dédié. Et ce, grâce à un petit résumé écrit de sa plume et quelques mots détaillant son lien à l’œuvre en question. Le tout servi avec une photo d’elle, prenant la pose livre en main.
Les lectures de Dua Lipa ont (presque toutes) en commun le fait d’avoir une toile de fond résolument politique et sociale, qu’il soit question du conflit nord-irlandais ou de la Pologne communiste des années 1980, qu’elles abordent la question de l’identité, des classes sociales, des liens familiaux néfastes ou offrent une exploration dans les décombres du passé… Autant de portes d’entrée vers des champs de réflexion nécessaires.
Le mois dernier, la musicienne vantait ainsi les mérites de Noughts & Crosses, œuvre de l’écrivaine britannique Malorie Blackman – laquelle lui a offert une “première étape vers la compréhension du racisme et du classisme”, dit-elle sur Service95. Plus tôt, en mai, la chanteuse invitait tout un·e chacun·e à se plonger dans Les Nageurs de la nuit de l’Allemand Tomasz Jedrowski, “un livre poétique et tendre, qui brûle d’une rage silencieuse face à la persécution que la communauté LGBTQ+ subit depuis des décennies en Pologne et contre laquelle elle continue de lutter aujourd’hui”.
Et quand avril se voyait dédié à Michelle Zauner, tête pensante du groupe Japanese Breakfast et autrice de Crying In H Mart (Pleurer au supermarché) – récit qui retrace “avec une honnêteté brute ses relations adolescentes difficiles avec sa mère et le chagrin qui suit la mort de sa mère des suites d’un cancer”, précise Dua Lipa –, février offrait une résonance aux “problèmes culturels et identitaires” d’une héroïne en mal de repères, dont le livre Mille soleils splendides de Khaled Hosseini raconte la vie. “Si nous avons besoin d’un rappel des raisons pour lesquelles nous devons plus que jamais être solidaires des femmes afghanes, ce livre est certainement celui-là”, assure Dua Lipa.
Sa sélection littéraire est exigeante et c’est avec la même exigence que la Londonienne s’efforce de la partager. Si elle a annoncé faire une brève pause estivale pour le mois d’août, l’artiste n’a pas laissé les membres du book club sans ressources, publiant une petite sélection des livres qu’elle emporterait avec elle pendant ses vacances. Y figurent Brefs entretiens avec des hommes hideux de David Foster Wallace, Rire dans la nuit de Vladimir Nabokov, Catalina de Karla Cornejo Villavicencio, Wandering Stars de Tommy Orange, ou encore Brotherless Night de V. Ganeshananthan.
“J’aime choisir des livres au hasard et voir où ils me mènent, donc je ne peux pas vous dire à quoi vous attendre de cette liste”, y désamorçait alors Dua Lipa, ajoutant que si “l’on voulait […] lire avec [elle] et comparer [nos] notes après l’été, [elle était] là pour ça”.
Une soif de transmission qui s’était aussi illustrée l’année dernière, lorsque la chanteuse s’était rendue à la prison pour femmes de Sutton, aux abords de Londres. Elle avait ainsi rendu visite aux détenues et membres du club de lecture de ladite prison, afin de s’épancher sur ses lectures et ses inspirations culturelles. Loin des écrans, cette fois-ci.