Une traînée blanche de quelques secondes à peine dans le ciel. Un "ouah" s’échappe de votre bouche. C’est une étoile filante. Et pendant tout l’été, il est possible de les observer. Trois nuits sont même banalisées chaque année : le vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11 août. Ce sont les "Nuits des étoiles", pendant lesquelles les clubs d’astronomie se mobilisent pour faire vivre l’événement au plus grand nombre.
Pour l’occasion, le Clermontois Nicolas Laporte, astrophysicien au laboratoire d’astrophysique de Marseille de l'université d'Aix-Marseille, et président de l’association Infinisciences, revient sur cet épisode nocturne qui fascine tant.
Nicolas Laporte, astrophysicien au laboratoire d'astrophysique de Marseille.
Qu'est-ce qu'une étoile filante ?
À l’origine, c’est un petit caillou, un micrométéorïde (fragment d’astéroïde, de comète, etc) qui va rentrer dans l’atmosphère à une vitesse très élevée et va chauffer à cause de frottements. Ce que l’on voit, c’est ce météore qui flambe et qui arrive sur Terre. À titre anecdotique, quand les astronautes jettent leurs poubelles depuis la station spatiale internationale (ISS), ils lâchent le cargo poubelle et son entrée dans l’atmosphère produit une très belle étoile filante ! En août, la pluie de météores a un nom : les Perséides.
Pourquoi ce nom ?
Parce qu’on les voit arriver de la constellation de Persée en dessous du « W » que forme la constellation de Cassiopée.
Pourquoi l’été est le moment le plus propice pour voir des étoiles ?
À cette période de l’année, la Terre va croiser sur son orbite autour du Soleil un nuage de poussières crée par la comète Swift-Tuttle.
Et puis, sur un autre plan, il ne fait pas froid, les gens sont en vacances, les clubs d’astronomie amateurs (il en existe moins d’une dizaine dans le Puy-de-Dôme, NDLR) peuvent les accueillir pour des soirées d’observation. C’est agréable.
D’où viennent-elles, ces "Nuits des étoiles" ?
Dans le début des années 1990, les chercheurs voulaient mettre en avant l’observation du ciel. L’histoire des "Nuits des étoiles" débute alors sur "Antenne 2" (aujourd’hui France 2), avec une émission grand public, un peu dans le même format que le Téléthon actuel. Et puis, l’Association française d’astronomie (AFA) a pris tout cela sous son aile.
Rentrons dans le vif du sujet. Comment bien observer le ciel ?
Il faut savoir qu’il y a trois niveaux d’observation. Le premier, à l’œil nu. C’est le spectacle le plus joli. À condition qu’il n’y ait pas de pollution lumineuse, que ce la Lune n’éclaire pas trop le ciel, et que le ciel soit dégagé. À Aydat, par exemple, les lumières du village s’éteignent à minuit, ce qui rend l’observation plus facile.
Bon à savoir : il faut vingt minutes à nos yeux pour s’habituer au noir. Si toutes les conditions sont réunies, à l’œil nu, il est possible de voir 6.000 étoiles.
Ensuite, il y a le deuxième niveau d’observation, avec une paire de jumelles. Je vous invite à regarder le long de la Voie lactée, où se trouve tout un tas de petites étoiles. Le spectacle est assez chouette, on peut même voir Saturne à un moment.
Enfin, le troisième niveau : avec un télescope ou une lunette astronomique. Si vous n’en n’avez pas, il faut aller voir les astronomes amateurs. Avec ces instruments, on peut notamment voir des galaxies, à plusieurs millions d’années-lumière.
Pourquoi, selon vous, sommes-nous fascinés par les étoiles filantes ?
Il y a ce petit mythe qui dit qu’il faut faire un vœu?! Et puis ces météores sont liés à tout un tas de légendes. Il y a des milliers d’années, on pensait que c’était les dieux qui nous envoyaient des cadeaux. Moi-même, j’ai passé récemment deux heures allongé sur une couverture, à Aydat, à regarder. C’était splendide.
Avec une dimension quasiment philosophique aussi ?
Exactement. Ça nous permet de nous questionner sur la place que l’on prend dans le système solaire et l’Univers. Finalement, on est une toute petite planète qui tourne autour d’une petite étoile. Ça interroge.
Propos recueillis par Adrien Fillon