Les anglicismes sont monnaie courante en entreprise, malheureusement pour les uns, heureusement pour les autres. Pourquoi s'embarrasserait-on à écrire " le plus rapidement possible " alors qu'on peut caler un petit asap des familles en fin de phrase ? Ou prendre le temps de résumer un échange de 30 mails alors qu'il suffit de transférer l'ensemble avec la mention FYI ? Mais rassurez-vous, dans cet article, nous nous attaquons à des termes qui reflètent avant tout l'évolution du monde de l'entreprise et des moeurs de ceux qui y travaillent. Parce que les mots (comptent triple) sont le miroir des tendances de notre société, zoom sur ces anglicismes omniprésents depuis des mois en open space.
Desk bombingAvant, quand on voulait parler à l'un de ses collaborateurs on se levait, on traversait l'open space et on allait directement lui poser une question à son bureau. Mais ça c'était avant. Avant 2005 en tout cas. Qui prendrait le risque en 2024 de faire cela ? Et si l'envie vous prenait d'essayer, sachez que dans 95 % des cas vous vous rendrez coupable d'intrusion dans l'espace de travail de votre collègue, le fameux desk bombing. Apparu avec la digitalisation et l'explosion du télétravail, le desk bombing désigne l'agacement généré par un collègue déboulant à votre bureau sans vous avoir prévenu, alors que vous étiez concentré sur une tâche. Ou pas, finalement. La prochaine fois, envoyez un Teams.
Flex deskCertains l'adorent, d'autres le haissent, mais sachez qu'il permet avant tout aux entreprises de réaliser de belles économies dans les villes où le prix du mètre carré explose. Pourquoi louer de grands bureaux quand on peut faire tourner ses équipes dans un plus petit espace ? Le concept de flex desk ou hot desking consiste donc à ne pas posséder de bureau attitré, les employés utilisant les postes de travail disponibles selon le principe de premier arrivé, premier servi. Cela favorise la flexibilité, l'optimisation de l'espace, mais aussi le développement de l'anxiété pour certains malheureusement. Censé améliorer la collaboration des salariés, le bureau nomade est surtout pertinent pour celles et ceux qui passent beaucoup de temps en rendez-vous clientèle et / ou qui voyagent fréquemment.
WorkationVous avez toujours rêvé de faire un peu de surf avant de débuter votre journée de travail, mais vous habitez à Limoges ou à Strasbourg ? Pas de panique, grâce au workation, ce concept qui nous vient tout droit de la Silicon Valley, vous êtes désormais en mesure de concilier activité professionnelle et vacances au même endroit, tel un digital nomade. Contraction de "work" (travail) et "vacation" (congés), il désigne le fait de travailler à distance, mais pas de chez soi. Un télétravail amélioré en somme, au sein d'un environnement plutôt relaxant. À ne pas confondre avec quiet vacationing (les collaborateurs qui prennent discrètement des vacances sans le dire) ou le leavism qui suggère que, même en congés, il ne faut pas déconnecter, lire ses mails et s'accorder quelques heures de travail. À éviter si vous ne voulez pas terminer en burn out à 27 ans.
PromptC'est clairement le terme phare de ces deux dernières années et on peut dire merci à la démocratisation de Chat GPT pour cela. Car dans les domaines de l'intelligence artificielle ou du machine learning, un prompt est une instruction ou une requête donnée à un modèle de langage pour générer une réponse. Par exemple, l'instruction " Explique-moi ce qu'est un prompt " est un prompt pour l'IA. En résumé, un ordre que l'on donne à une machine pour qu'elle exécute ce qu'on lui a demandé. Également utilisé dans l'univers du jeu vidéo afin de guider les gamers (appuyer sur X pour sauter par exemple), le terme prompt est largement employé par les développeurs en informatique. En français, la définition de prompt est " qui agit sans tarder. " Alors n'attendez plus et adoptez-le !
Brown outVous connaissiez le burn out (surmenage) et le bore out (ennui au travail), voici arrivé le brown out, qui est lié à une déconnexion émotionnelle et intellectuelle avec les tâches effectuées. Autrement dit, une perte de sens dans son travail. Quand on sait que 4 actifs sur 10 envisagent de changer d'emploi pour un travail qui aurait plus de sens, d'après une étude OpinionWay datée de 2022, on comprend l'importance du phénomène. Il est d'ailleurs à mettre en relation avec l'apparition du terme de bullshit job, mis en lumière par l'anthropologue américain David Graeber en 2018. Vous savez ces gens qui passent leur temps en réunion sans jamais rien produire. Pas une surprise que la recherche de quête de sens au travail soit devenue aussi centrale depuis quelques années.
Cet article a été publié initialement sur Big Média Parlez-vous l'open space ? 5 anglicismes en vogue en 2024
