Le calme est revenu à l’Assemblée nationale qui fait relâche depuis le 1er août après un début de législature houleux. Mais, hors Hémicycle, les groupes parlementaires n’en finissent pas de compter leurs forces et d’anticiper des alliances possibles.Le groupe LIOT (Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires) qui a survécu à la dissolution avec de nouvelles têtes, n’est pas le moins courtisé. En témoigne la main tendue, dans le dos de Laurent Wauquiez, de Xavier Bertrand. Le président des Hauts-de-France louche sur Matignon avec l’assentiment de personnalités de la droite républicaine et du camp du président de la République. Pour mémoire, Xavier Bertrand a été un soutien de LIOT, en particulier sur la réforme des retraites. Et Bernard Cazeneuve, ancien Premier ministre socialiste, est également cité pour Matignon. Ces deux personnalités comptent des proches au sein de LIOT.Comme en écho, la question se pose sur l’attitude qu’adopterait le groupe LIOT en cas de nomination de Lucie Castets à Matignon. « Nous sommes dans une situation inédite et le respect du résultat des élections est un impératif démocratique, déclare Stéphane Lenormand, le nouveau président du groupe. Aujourd’hui, il n’y a pas de majorité à l’Assemblée nationale mais il y a des majorités possibles sur des réformes dont celle des retraites. Le ou la future Premier ministre doit être issu(e) de l’opposition et avoir la volonté de rassembler. Le groupe LIOT a toujours été un groupe de propositions, nous continuerons dans cette voie. »
Dépasser les clivagesPar son positionnement politique, LIOT se sait plus qu’une force d’appoint. « Notre groupe, se félicite le député de Saint-Pierre-et-Miquelon, est riche d’élus du centre gauche, du centre droit, d’ultramarins et de régionalistes. Ces 22 députés ont pour points communs leur indépendance et une grande expérience d’élus locaux. La force et l’originalité de notre groupe parlementaire tiennent à sa volonté de dépasser les clivages au service de l’intérêt général. »« De nombreux concitoyens ont l’impression que leurs votes n’ont pas été pris en compte avec la réélection de Yaël Braun-Pivet »« Contrairement aux dix autres groupes, poursuit Stéphane Lenormand, nous ne sommes pas l’émanation d’un parti politique mais l’union de députés qui défendent des solutions concrètes pour améliorer la vie de nos concitoyens, notamment sur le pouvoir d’achat. On parle de LIOT comme d’un groupe de modérés avec des convictions fortes. Autre spécificité, nous revendiquons nos liens forts avec les territoires, en particulier ultramarins, qui fondent la richesse de notre pays. Mon élection à la présidence de LIOT, le premier groupe présidé par un Ultramarin, est un symbole de cette volonté de changer la gouvernance de notre pays si jacobin. »
Un changement dans la continuité, donc, dont une proposition de loi ou un soutien à une proposition de loi abrogeant la très contestée réforme des retraites pourrait être un marqueur fort.
Votes ignorés« Notre groupe, rappelle Stéphane Lenormand, s’était opposé à la réforme injuste et inefficace des retraites et avait déposé une motion de censure. Notre volonté était d’abroger cette réforme bâclée et de mettre en place une nouvelle méthode basée sur le dialogue social et le compromis. J’ai bien noté que le Nouveau Front populaire et le Rassemblement National avaient dans leur programme l’abrogation de cette réforme, il existe donc désormais une majorité parlementaire pour le faire. Il me semble essentiel qu’une nouvelle réforme se fasse avec les partenaires sociaux et qu’elle prenne en compte à la fois les impératifs économiques mais aussi sociaux. Je pense en particulier aux seniors. »
Les premières semaines de la nouvelle Assemblée nationale plus éclatée que jamais disent combien tout est possible. « J’ai un regret, souffle Stéphane Lenormand, car pendant trois jours, l’Assemblee nationale n’a pas donné une bonne image et de nombreux concitoyens ont l’impression que leurs votes n’ont pas été pris en compte avec la réélection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l’Assemblée. Chaque député doit, à mon sens, prendre en considération le respect que nous devons aux Françaises et Français. Il est de notre devoir d’être exemplaires et d’avoir le respect des institutions. »
Emmanuel Macron entretient l‘idée que personne n’a gagné les législatives. Cependant, quelqu’un les a perdues, semble-t-il… « Le président de la République a finalement reconnu, il y a peu, avoir perdu les élections. C’est un fait, il doit en tirer les conséquences. »De là à accepter de partager le pouvoir…
Jérôme PIlleyre
Un regard privilégié sur les finances. Avec l’élection de Charles de Courson comme rapporteur général de la Commission des Finances, LIOT a montré son habileté politique et s’est offert un poste jalousé au regard de ses prérogatives... « Notre collègue Charles de Courson, relève Stéphane Lenormand, président du groupe LIOT, était candidat à la présidence de l’Assemblée nationale pour défendre le renforcement du rôle du parlement et son indépendance. » « Malheureusement, déplore-t-il, les partis ont préféré des logiques de blocs à celle du parlementarisme rénovée et, au final, la Présidente sortante a été réélue. Charles a, lui, ensuite été élu rapporteur général du budget en raison de ses compétences, de son expérience, de son indépendance et, aussi, parce qu’à l’Assemblee le groupe LIOT est reconnu pour son appétence au dialogue. »