Les voisins de l’annexe du stade Marcel-Michelin avaient deux raisons de fermer leurs fenêtres mardi après-midi. D’abord, pour préserver un semblant de fraîcheur dans leurs foyers alors que le thermomètre frisait les 35 degrés. Puis, parce que leurs riverains cramponnés ont grandement fait monter les décibels.
Et dans ce domaine, un homme a la voix qui porte plus que les autres : Julien Laïrle. L’entraîneur des avants et de la défense de l’ASM s’agite, harangue, replace, interrompt les exercices quand ça ne va pas. Aucune concession n’est faite malgré les conditions météo lessivantes.
« Ce sont les premiers entraînements où on met notre projet en place, il faut qu’il y ait une bonne communication, explique-t-il. Certains n’ont pas l’habitude de nos codes : entre les recrues et les jeunes, 50 % de l’effectif est nouveau. Et même si la fatigue est là, il faut qu’on s’habitue à se parler car il faudra savoir le faire en match quand on sera dans le dur. »
« Être plus costauds, plus compacts, meilleurs aux plaquages… »Un secteur de jeu est particulièrement dépendant de cette bonne communication, celui de la défense, érigée en priorité absolue de cette phase de préparation par Christophe Urios et son staff. La saison dernière, l’ASM a terminé 11e défense de Top 14 avec 671 points encaissés et 78 essais concédés (soit une moyenne de 26 points et 3 essais pris par match), avec quelques valises mémorables en déplacement à La Rochelle (42-3), à Bègles-Bordeaux (41-7) ou encore à Toulon (52-10).
« Les premiers réglages vont se faire en premier lieu sur notre défense. On a pris des essais beaucoup trop facilement, 40 % d’entre eux l’ont été après des turnovers, illustre Laïrle. On doit être plus costauds, plus difficiles à battre, plus compacts, meilleurs aux plaquages… » Il n’y a donc pas de temps à perdre.
Après cinq semaines et demie de vacances et à peine une de reprise des entraînements, les corps sont donc déjà réhabitués aux contacts. Et cette semaine, s’annonce plus intense encore, à la fois dans le travail physique pur, mais aussi celui de la défense.
« On va disputer nos premiers “mini-matchs”, à 15 contre 15 avec du combat, des plaquages, des rucks… On va rentrer un peu plus encore dans le détail de phases de jeu qui rendent le rugby moins facile à nos adversaires, poursuit le coach adjoint. Car quand elles sont maîtrisées, derrière, c’est plus facile de déployer notre jeu. Mais si on met l’accent sur notre défense, on n’en oublie pas pour autant notre attaque. »
Du ballon, beaucoup de ballonPour cela, le staff auvergnat s’efforce d’intégrer le ballon sur un maximum d’ateliers, y compris ceux où faire monter les battements par minute reste l’objectif prioritaire. L’objectif ? Développer des qualités techniques et des repères collectifs dans des conditions ardues, encore et toujours.
Il faut au moins ça quand on nourrit de grandes ambitions. « On a beaucoup de regrets par rapport à la saison dernière, donc on aborde la nouvelle avec beaucoup d’envie, expose Anthony Belleau. Il faut qu’on franchisse ce cap de remettre le club en phases finales et d’exister sur la scène européenne. Même credo chez la recrue Michael Ala’alatoa : « l’objectif est de remettre le club au niveau auquel tout le monde a l’habitude de le connaître : en finales de Top 14 et de Champions Cup ».
Anciens comme nouveaux, tout le monde est sur la même longueur d’onde. Reste maintenant à joindre la parole aux actes.
Vincent Balmisse