Sur les trois Jamaïcaines qui avaient trusté le podium à Tokyo en 2021, la championne, Elaine Thompson-Herah, est forfait, blessée, sa dauphine Shelly-Ann Fraser-Pryce se présente sans garantie, et Shericka Jackson a décidé de se concentrer sur le 200 m.
. Richardson: gare au départ
Championne du monde l'été dernier à Budapest, la flamboyante sprinteuse, plus rapide de la saison sur la ligne droite (10.71) fait figure de favorite et espère offrir aux Etats-Unis leur premier titre olympique sur le 100 m féminin depuis Gail Devers en 1996.
"C'est une athlète en fréquence plutôt qu'en force/puissance avec un grand travail de vitesse gestuelle, un profil à la Gail Devers, avec un système nerveux très fort", juge pour l'AFP l'entraîneur français Richard Cursaz.
Pour Pierre-Jean Vazel, ex-entraîneur de sprint, "en vitesse de pointe et en maintien de la vitesse, elle est énorme, avec un relâchement incroyable".
"Sha'Carri est tout en paradoxe: elle est très explosive sauf au départ, elle a tendance à se relever, après une phase de poussée presque inexistante."
La native de Dallas affiche en effet une faiblesse récurrente au départ, comme elle l'a encore montré lors des sélections US en juin.
"Aucun athlète avec un départ aussi irrégulier ne peut être considéré comme imbattable", estime l'ancien sprinter Ato Boldon, vice-champion olympique du 100 m en 2000, auprès du site spécialisé letsrun.com.
Vendredi matin, Richardson a dominé sa série en 10 sec 94.
. Fraser-Pryce: la forme mystère
La légende de la piste aux huit médailles olympiques, deux fois titrée sur 100 m (2008 et 2012), se présente au Stade de France sans garantie sur son niveau, pour ses derniers JO, à 37 ans.
La sprinteuse dix fois championne du monde n'a disputé que six compétitions en deux ans, s'alignant seulement à deux reprises à Kingston cette saison. Brillante en demi-finales des sélections (10.91), elle n'avait pas réussi à accélérer en finale (10.94) et n'avait pris que la troisième place, la dernière qualificative.
"Ma préparation ne s'est pas déroulée comme je le voulais mais j'ai eu un bon dernier mois d'entraînement. Je pense que l'expérience accumulée pendant ma carrière va m'aider", a observé celle qui a couru une série rassurante vendredi en 10 sec 92.
Reine du départ, Fraser-Pryce aura pour mission de "mettre la pression sur Sha'Carri" sur les premiers mètres d'une éventuelle finale, pour "voir ce que fera l'Américaine dans un contexte de très forte pression olympique", anticipe Pierre-Jean Vazel.
. Alfred: pour une première
La sprinteuse qui monte, Julien Alfred (23 ans), représente l'île caribéenne de Sainte-Lucie, à qui elle pourrait offrir la première médaille olympique de son histoire.
Cinquième du 100 m des Mondiaux l'été dernier, Alfred est devenue championne du monde du 60 m en salle cet hiver. Elle s'est baladée en 10 sec 95 en séries du 100 m.
"Je ne me fixe aucun objectif, juste celui de prendre du plaisir. Je suis forte quand je suis calme, concentrée, ça a toujours été comme ça", a expliqué lors d'un point presse l'athlète qui s'entraîne au Texas, dans le groupe du Canadien Edrick Floreal, en compagnie de la Britannique Dina Asher-Smith et de l'Irlandaise Rhasidat Adeleke.
"Elle fait des départs moyens, est puissante sans trop de point faible, c'est quelqu'un de solide", juge Pierre-Jean Vazel.
. Une médaillée surprise ?
En l'absence de Thompson-Herah et de Jackson, le podium semble ouvert à au moins une médaillée surprise.
Les deux Américaines Melissa Jefferson (3e chrono des engagées) et Twanisha Terry, partenaires d'entraînement de Richardson en Floride auront leur mot à dire, comme la nouvelle pépite jamaïcaine Tia Clayton (19 ans).
Côté européen, Asher-Smith ou encore la Luxembourgeoise Patrizia Van der Weken peuvent rêver d'un exploit.