Pour le moment, l'aventure olympique de cette "Dream Team" version 2024 se déroule très bien avec des succès face aux Serbes (110-84) puis aux Sud-Soudanais (103-86). Comme prévu, "Team USA" assure un "show" à l'américaine avec son chef de file LeBron James, le meilleur marqueur américain de l'histoire des JO Kevin Durant, et le meneur Stephen Curry.
Mais une étoile brille moins que les autres. Beaucoup moins même, voire pas du tout. Il s'agit pourtant du plus grand et imposant membre de la sélection américaine: Joel Embiid.
L'intérieur de 2,13 mètres a largement perdu son duel contre le Serbe Nikola Jokic (vingt points, cinq rebonds, huit passes), avec seulement quatre points, deux rebonds et deux pertes de balle en onze minutes.
De fait, le joueur de 30 ans a été si décevant que son entraîneur principal Steve Kerr lui a donné le plus petit temps de jeu (onze minutes) parmi les Américains ayant disputé la rencontre.
En survêtement contre le Soudan du Sud
Lors du deuxième match contre le Soudan du Sud, Embiid a carrément été le seul de la sélection états-unienne à ne pas jouer, restant en survêtement tout du long.
"Le Soudan du Sud est l'équipe la plus rapide qu'on va affronter dans le tournoi, a justifié Steve Kerr. Nous voulions pouvoir rivaliser. Ils ont inscrit quatorze tirs à trois points contre nous à Londres (il y a deux semaines en préparation, NDLR). Tout le match, il fallait échanger de joueurs en défense et rester en face des adversaires, c'est pour ça que Joel n'a pas joué."
Pas une question de niveau, donc, mais plutôt une adaptation à l'adversaire. Mais au-delà de ses performances médiocres depuis qu'il a rejoint "Team USA" pour la préparation aux JO, Embiid est la cible récurrente de l'amertume des supporters français.
Beaucoup lui reprochent sa volte-face: alors que le Camerounais avait initialement exprimé son désir de jouer pour les Bleus aux Jeux olympiques de Paris, au point d'obtenir la nationalité française, il a finalement opté pour les États-Unis.
"Rends ton passeport français!"
Dès son arrivée sur le sol français, à la sortie de la gare Lille Europe, un homme lui a lancé, peut-être d'un ton sarcastique: "Joel, rends ton passeport français!" Depuis, le natif de Yaoundé est conspué dans l'enceinte de la banlieue lilloise à chaque fois qu'il touche le ballon, que son nom est évoqué ou même qu'il entre dans la salle, comme face au Soudan du Sud.
À cette occasion, il a alors demandé ironiquement aux spectateurs qui le sifflaient d'en faire encore plus, en agitant les bras, sourire aux lèvres. Puis il a rangé ses mains dans les poches de son survêtement pour le reste de la soirée, y compris lors de l'hymne national sud-soudanais, instant pourtant solennel.
"On comprend pourquoi le public siffle, mais c'est l'un des nôtres, et on va se serrer les coudes à fond", commente l'intérieur Bam Adebayo.
"Vous avez déjà +Wemby+ (Wembanyama) et Rudy (Gobert), qu'est-ce que vous voulez de plus?, en sourit l'arrière Anthony Edwards. Vous voulez trois joueurs de 2,13 mètres? La France aurait été dure à battre, c'est clair..."
Contre les Portoricains, Steve Kerr a prévu d'aligner Embiid d'entrée. La puissance, l'adresse et la mobilité du meilleur joueur (MVP) de la saison régulière de NBA en 2023 pourrait faire des dégâts face à la raquette de Porto Rico, dans ce secteur qui constitue son point faible. Et enfin lancer les Jeux olympiques de Joel Embiid.
