On l’avait laissé au haras de Saint-Bénilde à Saint-Didier-La-Forêt, titulaire d’un diplôme de cavalier d’entraînement et engagé dans un bac pro « Conduite et gestion d’entreprise hippique ».
Avec aussi une lumière particulière dans les yeux, disputer un prix sur la piste de l’hippodrome de Vichy. Aujourd’hui, à l’issue du Grand Prix K Union des vignerons réservé aux apprentis, Erwan, Bourbonnais de la vallée de la Sioule, aura réalisé son rêve de môme. Pas rien !
« Pour quitter le statut d’apprenti, il faut justifier de 50 victoires »Entre-temps, il est allé chercher de l’expérience ailleurs. À Villefranche-sur-Saône, dans l’écurie de Pierre Callier, un propriétaire driver reconnu dans le milieu. « Cinquante-cinq chevaux à entraîner, à panser et à driver sur des courses officielles. Le niveau supérieur, même si je dois encore remercier mon premier-maître de stage qui m’a permis d’obtenir le titre de meilleur apprenti de France l’an passé. »
Mais le jeune homme est ambitieux et sait qu’il va falloir multiplier les expériences pour progresser. « En fait, pour quitter le statut d’apprenti, il faut justifier de 50 victoires. » Il se dit pressé, même s’il vient tout juste d’atteindre la majorité. « Depuis le début de la saison, je suis régulièrement aligné sur deux ou trois courses par mois. Je vais courir à Aix-les-Bains, à Lyon, à Marseille, dans le Centre-Est surtout. »
« Le fait de pouvoir driver plusieurs chevaux est très intéressant, précise Erwan. Rien ne ressemble moins à un cheval qu’un autre cheval. Ils ont tous leur spécificité et leur caractère. J’ai, qui plus est, une chance extraordinaire : être coaché par l’un des drivers les plus expérimentés de France. Je regarde à la loupe toutes ses courses, les détails, parce qu’une victoire, ça tient parfois à peu de chose. » Regarder et retenir. On n’est pas meilleur apprenti de France par hasard.
Aucun regret quant à son envie d’être jockey. « Mon 1,80 m, c’est rédhibitoire. Mais devenir driver, c’est mon carburant. » Alors, il ira « forcément un jour travailler en Normandie parce que c’est la patrie du cheval. » En attendant, il apprécie d’être le propriétaire d’un jeune poulain de quatre mois, Omega. « Un super cadeau de mes parents. »
« Aujourd’hui, ça sera une autre course sur une des plus belles pistes de France »Aujourd’hui, il arrivera à Vichy tôt le matin avec trois ou quatre chevaux dans le van. « Je sais que plus la conduite est douce, moins le cheval sera stressé à l’arrivée. Après avoir bu mais pas mangé, ils rejoindront directement leur box qu’ils quitteront juste avant la course pour deux tours de piste d’échauffement. » Des « heats » dans le jargon.
Avant de s’aligner au départ du prix réservé aux apprentis, Erwan aura en tête sa première course officielle à La Clayette, où il avait terminé à la 9 e place. « J’avais un handicap de 25 m. Ce n’était pas évident de revenir, mais les sensations avaient été très bonnes. Aujourd’hui, ce sera une autre course sur une des plus belles pistes de France. »