La parenthèse festive et sportive des Jeux olympiques ne fait oublier à personne que la situation politique de la France est préoccupante, étrange. Nous approchons peu à peu du moment où le président de la République devra choisir le nouveau Premier ministre. Emmanuel Macron se trouve à Brégançon pour y réfléchir et, si les conseils ne lui manquent pas, pour l’heure aucune solution ne se dégage de manière irréfutable.
Ce n’est pas l’arrogance de Lucie Castets qui va le convaincre : il l’a d’ailleurs déjà rejetée et il a bien fait. Son intronisation par le Nouveau Front populaire ne l’a pas entourée comme par magie de légitimité et de compétence. Gérald Darmanin se fait le défenseur de Xavier Bertrand qu’il estime tout à fait adapté au poste. Peut-être le président y songe-t-il ?
Par ailleurs on a Laurent Wauquiez qui, au mieux avec Gabriel Attal, était prêt à s’engager pour la Droite républicaine dans un pacte articulé sur quelques mesures essentielles mais en excluant toute participation gouvernementale. Autrement dit, M. Wauquiez s’arrêtait au milieu du gué : ni indépendance totale ni vrai soutien opératoire comme l’avait souhaité Nicolas Sarkozy. La pire des tactiques à mon sens : Laurent Wauquiez toujours aussi attentiste parce qu’il est encombré de son ambition présidentielle et qu’il a des rivaux de haute volée qui lui dameront le pion.
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Du côté de la macronie, et du groupe parlementaire qu’il préside, Gabriel Attal aspire à une coagulation de projets où l’empathie qu’il a suscitée auprès de beaucoup de députés de son camp en les sauvant pourra être exploitée. D’autant plus qu’il est hors de question pour lui de retrouver Matignon.
Comme si le paysage national n’était pas assez compliqué, le président de la République l’a complexifié davantage en rêvant d’un Premier ministre consensuel, apprécié par la droite et la gauche, mais enrichi par « un parfum de cohabitation ». L’oiseau rare donc, pour ne pas dire impossible !
Emmanuel Macron se débat dans des difficultés extrêmes – qu’il a lui-même causées en grande partie -, la tête lourde, toute grâce envolée, avec un discrédit à la fois politique (beaucoup de ses soutiens sont déçus) et populaire (une majorité de citoyens lui est hostile).
Pendant ce temps, Gabriel Attal, au contraire, du ministère de l’Éducation nationale à Matignon, de Matignon à ses suites où son courroux l’a incité à prendre son autonomie et à substituer sa formidable activité à l’atonie d’un président incertain, se trouve partout, fait feu de tout bois, a réponse à tout, sourit à tous et fait preuve d’allégresse comme si la France allait bien ou comme si déjà elle n’attendait que lui. De tous les événements qui suscitent la lumière, il n’est jamais éloigné pour en recueillir sa part. On peut l’accuser de tout ce qu’on voudra, blâmer sa superficialité, son approche délibérément séductrice, sa manière de tout appréhender légèrement pour ne jamais se confronter à cette angoissante question, à cette interrogation fondamentale qui, tôt ou tard, pourtant, imposera une réponse : suis-je un homme d’État ?
Pour l’instant, Gabriel Attal me fait songer à un chevau-léger irrésistible, presque trop talentueux pour être honnête, efficace, ambitieux, parfois désinvolte mais tout lui est pardonné (il fait ouvrir le Conseil économique, social et environnemental, place d’Iéna, spécialement pour Stéphane Séjourné et lui, afin de mieux voir le feu d’artifice tiré depuis la Tour Eiffel, selon Mediapart).
Gabriel Attal se remplit au fil des semaines et des mois d’une densité ne rendant plus absurdes ses espérances, d’une volonté et d’une constance le faisant craindre désormais, irrigué par le sentiment qu’il est l’un de ceux que le futur n’abandonnera pas sur le bord de la route. Emmanuel Macron a besoin des autres pour les dominer : n’est-il pas meilleur qu’eux ? Gabriel Attal a besoin des autres pour mieux s’aimer : ne lui donnent-ils pas sans cesse la preuve dont il a besoin ?
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