L'annonce faisait dévisser l'action du groupe qui plongeait de 9,7% à 0,88 euro à 10H15 (08H15 GMT).
L'ex-fleuron de la tech est entré en juillet dans une procédure de sauvegarde accélérée qui doit lui permettre de sortir la tête de l'eau avec notamment la mise en oeuvre de son plan de restructuration, dont le montant atteint 1,75 milliard d'euros.
"Atos est sauvé", s'est félicité lors d'une conférence avec des journalistes le nouveau PDG Jean-Pierre Mustier, qui assurait déjà la fonction de président du conseil d'administration depuis octobre 2023.
"Les priorités sont bien entendu d'accompagner la croissance du groupe avec l'ensemble des équipes, renouveler la confiance des clients et, en parallèle, travailler à la mise en place d'une nouvelle gouvernance", a-t-il ajouté.
Plombé par une dette brute colossale de près de 5 milliards d'euros, Atos avait enclenché en février une procédure de restructuration. Il se trouvait depuis plongé dans un feuilleton financier aux multiples rebondissements.
Après le retrait fin juin du consortium mené par Onepoint, premier actionnaire d'Atos initialement choisi pour mener à bien ce sauvetage, les créanciers et les banques se sont entendus pour reprendre eux-mêmes l'entreprise.
Leur accord comprend notamment une augmentation de capital de 233 millions d'euros et une réduction de la dette d'environ 3 milliards d'euros.
Atos avait indiqué mi-juillet que la société resterait "non contrôlée" pendant une "période de transition" jusqu'à la réalisation de la restructuration financière car les banques et les porteurs d'obligations "n'entendent pas agir de concert".
Activité en chute
La perte du premier semestre est en grande partie due à une dépréciation d'actifs à hauteur de 1,5 milliard d'euros et aussi à "la dépréciation de relations clients pour 109 millions d'euros dans la région Amériques en raison de la fin de contrats clients", a précisé le groupe dans un communiqué.
La dépréciation d'actifs consiste pour une entreprise à ajuster la valeur d'un actif dans ses comptes par rapport à celle qu'elle lui accordait jusqu'alors.
Côté activité, le groupe a aussi vu son chiffre d'affaires global chuter de 10%, à 4,96 milliards d'euros sur les six premiers mois de l'année.
La baisse d'activité a affecté le pôle Eviden, qui regroupe la cybersécurité, le numérique et le "big data", dont le chiffre d'affaires à chuté de 7,9% à 2,4 milliards d'euros, notamment en raison "d'un ralentissement continu du marché dans la région Amériques et au Royaume-Uni", selon le groupe.
Elle a touché aussi la branche Tech Foundations (infogérance), qui a connu un recul de ses ventes de 11,8% à 2,6 milliards d'euros, ce qui reflète des réductions de périmètres de contrats notamment en Europe centrale.
"En Allemagne, il y a eu en particulier un ralentissement des commandes du secteur public", a détaillé Jean-François de Prest, directeur financier d'Atos.
Actifs stratégiques
Partenaire informatique mondial du Comité international olympique (CIO) depuis 2002, Atos est chargé notamment de la gestion des accréditations, de la diffusion instantanée des résultats ou encore de la cybersécurité.
Son avenir revêt par ailleurs une forte dimension politique liée à ses activités stratégiques dans le domaine de la défense.
Mi-juin, l'État français avait fait une offre de 700 millions d'euros pour acheter les activités d'Atos jugées stratégiques et sensibles, dont des supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire française, les contrats avec l'armée française et les produits de cybersécurité.
Le ministère français de l'Économie a également octroyé un prêt de 50 millions d'euros à l'entreprise et acquis une "action de préférence" lui permettant de mettre son veto à certaines opérations au niveau de Bull, la filiale qui construit ces supercalculateurs.
Atos a précisé jeudi que la finalisation de la négociation de cette convention visant "à protéger les intérêts de souveraineté" de l'État devrait être finalisée en octobre tandis que l'émission de l'action de préférence est prévue pour le deuxième semestre.