Deux juges d'instruction ont été saisis le 19 juillet de ces cinq plaintes avec constitution de partie civile, a précisé le ministère public, confirmant une information du quotidien Libération. Les journalistes Hélène Devynck et Stéphanie Khayat, ainsi que Marie-Laure Eude-Delattre et Margot Cauquil-Gleize figurent parmi les plaignantes, a indiqué à l'AFP leur avocate Corinne Herrmann.
Me Herrmann a aussi annoncé avoir demandé la saisine du pôle des crimes sériels ou non élucidés du tribunal de Nanterre. "On est devant des +cold cases+ parce que l'affaire la plus ancienne que je traite, elle est de 1985 et la plus récente pour l'instant de 1997", a-t-elle argué.
"Le sentiment d'une grande victoire, que la justice nous considère, enfin."
Avec l'ouverture de ces nouvelles informations judiciaires, Hélène Devynck a "le sentiment d'une grande victoire, que la justice nous considère, enfin", a décrit à l'AFP l'autrice du livre "Impunité", dans lequel elle dénonce le mode opératoire du journaliste. "Jusqu'à présent, on avait l'impression qu'après avoir témoigné, porté plainte, on nous avait claqué la porte au nez. Cette fois, on ne nous claque pas la porte au nez", a-t-elle ajouté.
Sa plainte pour viol avait été initialement classée sans suite pour prescription en juin 2021, lors d'une enquête préliminaire où 23 femmes avaient témoigné. Le même sort avait été réservé à celle déposée par Stéphanie Khayat pour des faits allégués datant de 1994 et 1997.
L'ouverture de ces nouvelles instructions est "une très bonne nouvelle", a-t-elle réagi auprès de l'AFP. "On est soulagées, on attend ça depuis qu'on a déposé plainte il y a trois ans et on espère que ça va aboutir à ce qu'on souhaite: une enquête sérieuse". "Je fais partie de celles dont la plainte a été classée pour prescription il y a trois ans", a poursuivi Stéphanie Khayat. "On n'a pas arrêté de se battre. Aujourd'hui, on dépose une nouvelle plainte et on nous dit que les faits pourraient ne pas être prescrits. Donc, c'est un peu à n'y rien comprendre à la justice".
PPDA a toujours fermement niéUne première information judiciaire avait été ouverte en 2021 à Nanterre après une plainte avec constitution de partie civile de l'autrice Florence Porcel qui accuse PPDA de l'avoir violée à deux reprises. Patrick Poivre d'Arvor a été mis en examen en décembre 2023 pour l'un de ces viols.
Cette information judiciaire pour viols a depuis été élargie en février à deux autres viols et une agression sexuelle dénoncées par trois femmes. Le journaliste et écrivain a toujours fermement nié les nombreuses accusations le visant. Les cinq nouvelles plaintes visant PPDA ont été enregistrées mi-juin, a détaillé mercredi le parquet.
"Les faits dénoncés par ces cinq personnes avaient fait l'objet de décisions de classement sans suite par le parquet de Nanterre, analysant que ceux-ci étaient prescrits"
Le ministère public avait en effet classé en février 19 témoignages ou plaintes de femmes dénonçant des viols, agressions ou harcèlement sexuels.
Mais le code de procédure pénale permet aux plaignantes de saisir à nouveau la justice via la constitution de partie civile, une démarche qui entraîne la saisine d'un juge d'instruction chargé d'enquêter. "Le parquet n'apprécie que leur recevabilité, sans donner d'avis sur leur bien-fondé à ce stade de la procédure", a souligné le ministère public.
"Ces affaires ne sont pas prescrites à mon sens parce qu'il y en a plusieurs", a réagi Me Herrmann auprès de l'AFP. "Quand vous avez une cascade d'affaires, la suivante va interrompre la prescription pour la précédente", a-t-elle estimé.
Avec AFP