Marigny. Jean-Claude Drouot, de Thierry la Fronde à Victor Hugo et Jean Jaurès. Thierry la Fronde, souvenirs, souvenirs ! Existe-t-il des personnes qui ont eu la chance de suivre entre 1963 et 1966 le célèbre feuilleton, centré sur son héros, l’acteur belge Jean-Claude Drouot, et qui ne s’en souviennent pas ? Le général de Gaulle, agacé d’être pris dans un embouteillage, aurait même lancé : « Allez chercher Thierry la Fronde ! »
Mais, quel a été le parcours de celui maintenant âgé de 85 printemps et que l’on verra sur scène à Charnes ce mardi 6 août revisitant Victor Hugo dans « L’art d’être grand-père » et ce mercredi 7 citant des textes majeurs du père du socialisme dans « Jaurès » ?
L’immense succès de Thierry la FrondeA 15 ans, ses parents le voyaient juriste ou médecin, mais lui aime la discipline du théâtre et se remettre en question au jour le jour. Son avenir est donc tracé, il sera comédien. Ayant suivi les cours Charles-Dullin, il rêvait alors d’être Errol Flynn, héros de nombreux films d’aventures dans les années cinquante. Apprenant qu’on recherchait un acteur pour incarner le personnage central d’un feuilleton télévisé, il se retrouve en concurrence avec plusieurs dizaines de comédiens. Après l’avoir vu sur scène lors d’une répétition, le réalisateur Robert Guez lui fait passer un bout d’essai, à l’issue duquel il lui assène : « Je vous ai choisi, j’espère que je ne le regretterai pas ! »
Jean-Claude Drouot devient alors une vedette obtenant, à travers ce feuilleton, l’énorme succès que l’on sait. Cette série achevée, il décline moult propositions afin de se tourner vers sa vraie passion, le théâtre, pour incarner notamment le difficile personnage d’Alceste dans le Misanthrope, mais il sera aussi Oreste, le Roi Lear, Ruy Blas ou Cyrano, et interprète Sartre, Genet, Beckett, Néruda, Arabal ! Tout en maintenant une importante activité au théâtre, il se tourne vers le cinéma (*) qu’il n’a jamais totalement abandonné et rencontre Elisabeth Taylor, tourne avec Richard Burton, Yul Brynner, Kirk Douglas, puis pour Agnès Varda.
Et si Jean-Claude Drouot a dirigé le Théâtre National de Belgique, il avoue que sa « région d’élection définitive est le Quercy dans le Lot », lui qui se définit comme « un Belge de France ». Le besoin de se sentir libre pendant toute sa vie, prenant le pas sur n’importe quelle autre considération, il cite volontiers Cyrano « Ne pas monter bien haut, mais tout seul ».
D’Hugo à JaurèsRevisiter Victor Hugo ou interpréter Jaurès, comme il l’a fait au festival d’Avignon l’an dernier, « c’est un grand bonheur, c’est la dimension humaine d’avoir le sentiment d’être dans le partage au contact de mes contemporains » se loue Jean-Claude Drouot qui a publié en 2015 son autobiographie (**) dans laquelle il assure : « Le théâtre m’a tenu vivant. »
(*) Son palmarès artistique est copieusement fourni : une bonne vingtaine de longs et courts métrages, plus de cinquante films pour la télévision et près de quatre-vingts pièces de théâtre ! (**) Le Cerisier du pirate, de Thierry la Fronde à Jean Jaurès.Pratique. Levers de rideau à 20 h 30. Plein tarif, 20 € ; tarif réduit, 10 €.