C’est donc un palier de plus qui est franchi dans la consolidation des bases du pouvoir militaire, qui semble réviser son agenda de transition. La conséquence première est qu’on a substitué la fête nationale communément consacrée avec la date de l’indépendance du pays à une autre date, qui au plan symbolique fait sens aux yeux de la jeune génération, qui a porté le pouvoir et bravé les menaces de la CEDEAO.
L’on se demande même si on n’est pas en train de passer à une nouvelle république, et sans le dire. Le pouvoir en place, très engagé dans le processus de mise en place de l’AES ne laisse aucune brèche qui laisse penser à une issue rapide de la transition, si tant est que celle -ci est aujourd’hui envisagée avec la recrudescence des combats contre les Djihadistes.
Le président du CNSP, le général de brigade Adourahmane Tiani a en tout cas, dans son discours, balisé son ambition autour de 4 axes qui laissent croire à l’exercice d’un mandat à savoir : renforcer la sécurité et la cohésion sociale, promouvoir la bonne gouvernance, développer les bases de production et accélérer les réformes sociales.
Les éléments de langage bien choisis montrent clairement un propos destiné au nigériens d’abord, pour les exalter dans leur désir de souveraineté en brandissant ses « trophées de guerres », comme le départ des soldats français qui, faut-il le dire, était basés à l’aéroport de Niamey après leur départ précipité du Mali, mais aussi celui des soldats américains, synonyme de rupture avec « l’ordre néocolonial ».
Ce qui au départ était considéré comme un coup d’Etat, s’est très vite transformé en « un vaste mouvement populaire de libération nationale ».
L’occasion a été choisie par le Général Tiani, dans la version « orbi » de son discours, de réitérer à la communauté internationale, d’une part, l’option irréversible des états membres de l’AES vers une confédération axée sur « la défense, le développement et la diplomatie », et d’autre part, d’exprimer à travers le symbole puissant que constitue l’AES, la volonté collective de rompre avec l'ordre néocolonial.
Cela a le mérite d’être clair de ce point de vue, que les annonces faites le confortent à suffisance. L’un dans l’autre, la dénonciation des accords de défense avec la France et le renvoi de son ambassadeur et, le retrait du G5 sahel, la dénonciation de l’accord militaire entre le Niger et le Bénin, celle relatif au personnel militaire des USA au Niger, en plus du retrait de la Cedeao, sont autant de décisions qui actent la rupture.
Le Président Tiani s’est mis résolument dans les habits d’un chef d’état en début de mandat, qui trace les axes de sa gouvernance tels que définis dans ses ambitions annoncées avec ses pairs de l’AES. La transition n’est plus d’actualité pour le régime de Niamey.
La page de la Cedeao, pour ceux qui en doutaient, semble cette fois -ci définitivement tournée à travers un réquisitoire sévère qui a été prononcé contre l’organisation régionale.
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