Voilà dix ans que "Batman" n'avait pas réussi une telle performance offensive sous le maillot de la sélection. En marquant 19 points, auxquels il faut ajouter cinq rebonds et deux passes, mais aussi trois pertes de balle, le Normand a été l'atout majeur des siens aux côtés de la vedette Victor Wembanyama.
L'ailier a expliqué ces chiffres par le déroulé des événements: "J'ai pas fait cinq-six bonnes premières minutes, j'étais un peu effacé, j'étais un peu nerveux aussi, je l'avoue! Mais je me suis dit: +Nico, passe à autre chose, joue.+ On a besoin de toi. Je ne peux pas laisser toute la pression sur +Wemby+, il fallait aussi que j'attaque deux-trois actions."
Cette activité était presque contre-nature pour ce joueur au sens du collectif inné, davantage passeur que marqueur, relançant un débat aussi vieux que ses débuts avec les Bleus en 2009.
Doit-il prendre davantage de responsabilités, et donc de tirs? "C'est la grande énigme Nicolas Batum depuis quinze ans; peut-être, peut-être pas !", sourit-il.
"Je lui demande d'être plus agressif"
Cette rencontre inaugurale confirme en tout cas que le joueur au 172 sélections, deuxième le plus expérimenté de l'effectif derrière l'arrière Nando De Colo (204), ne peut pas se contenter d'être un relais pour les plus jeunes à l'occasion de sa dernière compétition internationale.
C'est pourtant le rôle qui lui semblait prédestiné en début de préparation, quand son successeur désigné Bilal Coulibaly (vingt ans) débutait les rencontres.
Mais au sein de cette équipe qui se cherche toujours dans l'animation offensive, il est un rouage dont les joueurs de Vincent Collet ne peuvent pas se passer.
"C'est notre joueur qui met du liant, qui est le facilitateur, souligne le sélectionneur. Il a mis des points, ça, ce n'est pas toujours systématique, même si je lui demande d'être plus agressif qu'il peut l'être en NBA, mais bon, je ne m'attends pas à ce que Nico marque autant à chaque sortie. Par contre, on sait qu'il a beaucoup d'importance également dans les passes."
Défenseur tout terrain
Excellent défenseur grâce à sa taille (2,03 mètres) et à son envergure, il peut être utilisé en premier rideau comme face aux intérieurs, ce qui est un atout rare et bien exploité contre le Brésil, où il a contrarié la stratégie adverse en rendant inefficaces les pick-and-rolls.
Face au Japon, les Bleus devront réussir une meilleure entame et progresser en attaque. "Jouer à fond dès le début, ne pas attendre d'être à moins je ne sais pas combien pour changer, faire un bon match, faire vivre quelque chose avec le public et progresser, continuer à avancer", résume le capitaine français.
Le joueur des Clippers de Los Angeles sait que l'équipe de France est toujours en rodage. Elle aura l'avantage de taille contre les Japonais, à condition de réussir à servir dans les meilleures conditions ses intérieurs.
Depuis le début de la préparation aux Jeux olympiques, la France montre systématiquement des problèmes dans la mise en place des systèmes, dans la créativité au niveau des lignes extérieures et dans la tenue du ballon.
Autant de soucis que Nicolas Batum peut aider à résoudre, mais pas tout seul.