Thomas Ceyte n’a pas tergiversé bien longtemps en octobre dernier, pendant la coupure Coupe du monde, lorsqu’il a reçu une offre de l’ASM Clermont. « Trois jours après, j’avais accepté », se souvient la nouvelle recrue auvergnate.
« C’était un objectif de venir dans un gros club de Top 14 pour potentiellement jouer le top 6. […] Quand je vois les joueurs avec qui je joue (à l’ASM), je préfère qu’ils soient avec moi que contre moi. Il y a moyen de faire une belle saison », soutient l’expérimenté deuxième ligne de 33 ans.
« Avant de partir de Bayonne, Arthur (Iturria) m’avait dit : “tu vas voir, tu vas te régaler”. Pour l’instant, je ne suis pas déçu. C’est très structuré, très pro. C’est vraiment le haut niveau du Top 14 », lâche l’ancien pensionnaire de l’Aviron Bayonnais, avec qui la fin de l’aventure a tourné au vinaigre.
« Pas mal de choses se sont dites en interne et m’ont déplu, lance le joueur de 33 ans. Il n’y a eu aucun respect de l’équipe dirigeante. Une partie du staff n’a pas assumé ses choix. C’était pénible à vivre au quotidien. Franchement, à la fin, je n'en pouvais plus. Les trois, quatre derniers mois, je n’attendais qu’une chose : que ça se termine. »
Pourtant, à Bayonne, l’ancien Nivernais (2017-2022) n’a pas été placardisé et a même fait partie des indéboulonnables du XV de départ. En témoignent ses deux derniers exercices à 25 et 24 matchs.
« Je sais que Grégory Patat (le manager de l’Aviron) me faisait confiance, mais quand il a fallu défendre ses joueurs, moi ou d’autres, il ne l’a jamais fait. Au bout d’un moment, ça use les joueurs. Maintenant, je suis content d’être là (à Clermont), la page bayonnaise est tournée. C’était une super expérience. J’espère qu’elle sera aussi belle ici, voire mieux », déclare l’ex-Dacquois, qui assure avoir repoussé deux approches de clubs de Top 14 pour privilégier l’option auvergnate.
« L’ASM, ça ne se refuse pas. Je suis originaire d’Aubenas (Ardèche), à trois heures de Clermont. Chez nous, trois personnes sur quatre sont pour l’ASM. Je regardais beaucoup de matchs de Clermont quand j’étais plus jeune, notamment dans les années 2010. J’aime les clubs avec une histoire. Moi, je ne serais jamais allé jouer à Montpellier ou au Racing. Pour moi, il n’y a pas une atmosphère autour du rugby comme ici quand on voit tous ces supporters. Lorsque je suis venu jouer avec Bayonne, le Michelin était toujours plein. J’aime les ambiances chaudes. Ça a pesé aussi dans la balance pour venir dans un club comme Clermont. » (empty)
Tout comme l’idée de travailler sous les ordres de Christophe Urios, avec qui il s’était entretenu en visio en amont de sa venue au pied des volcans. « Il m’avait dit : “J’aime les joueurs cons, tu es un joueur con. Ce n’est pas négatif, j’aime bien”. Ça m’avait fait rire », se remémore le trentenaire, qui assure avoir « 25 ans dans la tête ».
« Un joueur qu'on avait besoin de recruter"« Je trouve que c’est un joueur à l’ancienne. Il a bourlingué, son parcours n’a pas toujours été facile, souligne le manager auvergnat Christophe Urios. Ce n’est pas un gars qui sort d’un centre de formation, qui a fait les U20 (en équipe de France). Il sort un peu du ruisseau. J’aime les mecs comme ça et on en a besoin. Il vient de faire deux saisons incroyables à Bayonne, tant dans le nombre de matchs que dans la durée ou le contenu. C’est un joueur de fondamentaux : sur la touche, la mêlée, les mauls, l’esprit. C’est un joueur qu’on avait besoin de recruter. »
Un tas d’éloges que Thomas Ceyte devra désormais confirmer sous ses nouvelles couleurs pour faire oublier les départs du rugueux Tomás Lavanini (Lyon) et de l’enfant du club Paul Jedrasiak (Castres) dans la cage asémiste. Et rappeler à l’Aviron ce qu’il a perdu.
Nicolas Calvet