Quelques instants de gloire pour combien d’heures de sacrifices, de doutes et de souffrance?? Ce dimanche soir, au moment où Amandine Buchard grimpait sur la troisième marche du podium olympique, son deuxième en deux JO, la -52 kg repensait au chemin parcouru entre Tokyo et Paris. Il ne ressemblait en rien à une autoroute où on roule à toute berzingue mais plutôt à des sentiers détournés, piégeux, dangereux, où seul un VTT de Pauline Ferrand-Prévot aurait pu s’aventurer. « Je pensais avoir perdu la flamme pour le judo », explique-t-elle. Elle sanglote. Émue. Émouvante. La championne d’Europe en titre poursuit : « Je suis revenue sur les tatamis après avoir effectué des choix osés et atypiques ».
Quatre ans de rugbyCes choix, elle nous les avait confiés lors d’un entretien individuel, début avril : « J’ai eu besoin de couper avec le monde du judo. J’ai pratiqué d’autres sports pour conserver la forme physique : du squash, du rugby, du football en salle, etc. ».
Dans chaque discipline, cette « pile électrique » a trouvé son bonheur. Tout en remontant le temps, celui où elle n’était pas encore celle qui obtient une médaille (presque) à chaque sortie internationale. « Avant le Covid, je jouais au « Five » tous les dimanches matin, confiait-elle. J’aime bien gratter la balle mais, surtout, faire les allers-retours des deux côtés du terrain. J’ai un bon cardio ». La sociétaire du PSG Judo aime davantage le rugby : « J’apprécie les plaquages, le contact, marquer. J’ai pratiqué pendant quatre ans avant d’entrer au Pôle Espoirs de judo. C’est une mentalité différente, cela fait du bien ».
Les Jeux de Los Angeles en 2028 en rugby à 7??Alors, peut-on devenir médaillée mondiale (troisième en mai) puis médaillée olympique en jouant au ballon?? Oui, trois fois oui, répond Christophe Massina, son entraîneur. « Elle a failli raccrocher le kimono lors de cette olympiade qui a été très dure pour elle, explique-t-il. On a réfléchi à comment lui redonner goût au judo. À un moment, elle avait besoin de souffler tout en conservant une condition physique. C’était important de trouver des moments où on relâche la pression ».
Le patron de l’équipe de France féminine est persuadé que cette préparation était nécessaire : « Elle ne serait pas aujourd’hui sur un podium olympique si on n’avait pas mis en place tout ça ».
Ce dimanche, Amandine Buchard a combattu avec l’idée que « cela serait peut-être (ses) derniers Jeux ». Dans quelques semaines, quelques mois, aura-t-elle encore la flamme du judo?? Ces derniers temps, « Bubuche » confiait à ses proches – et plusieurs journalistes – qu’elle aimerait disputer les JO de Los Angeles, en 2028, en rugby à 7. Est-ce une simple lubie ou une véritable volonté?? À elle de tracer le chemin pour s’offrir quelques instants de gloire…
Kevin Cao Kevin.cao@centrefrance.com