Il n’y avait qu’à franchir la porte palière du métro à la Grande Arche de la Défense, le dimanche 28 juillet aux aurores, pour se rendre compte que cette deuxième journée olympique de natation sentait très bon ce genre de moment hors du temps. Une file d’attente incommensurable s’étire jusqu’à l’entrée de la Défense Arena. Drapeaux, perruques, pancartes… la salle multimodale de Nanterre a revêtu son plus beau costume bleu blanc et rouge. Avec un seul nom sur toutes les lèvres de ces irréductibles Français, celui de Léon Marchand.
"Trop content que nos enfants aient ce type d’idole""C’est le plus beau jour de ma vie", lâche le bambin Joseph, carton "Léon Marchand d’or" comme menotté à ses mains. Le jeune nageur du XVIIe arrondissement a un modèle tout trouvé en la personne du Toulousain de 22 ans.
Cela rend même fière sa mère : "Léon Marchand est hyper inspirant. On est trop content que nos enfants aient ce type d’idole. Il reste simple, fier de ses couleurs, il a continué ses études… Il est parfait ! Pour vous dire, mes enfants lui avaient envoyé une vidéo d’encouragements sur les réseaux sociaux. Son père nous a répondu et il nous a envoyé en retour un livre dédicacé ainsi qu’un bonnet de natation de son université."Les supporters français ont sorti le grand jeu pour soutenir Léon Marchand. Photos F. L.
Louis, nageur bordelais, a côtoyé d’encore plus près le néo-champion olympique du 400 m quatre nages. C’était il y a quatre ans et il s’en souvient forcément : "J’ai fait une compétition où il était aussi engagé. C’était un meeting régional à Saint-Yrieix-sur-Charente, près d’Angoulême. Tout était déjà parfait dans sa nage… On se disait tous qu’il ferait une grande carrière."
Cinq titres mondiaux plus tard, Léon Marchand se retrouve en tête d’affiche de la délégation française olympique de natation. "Comme beaucoup, on est là surtout pour l’encourager lui. Il a l’air relativement cool et la pression glisse sur lui. Ça fait du bien, car ce n’est pas souvent qu’on a un athlète français de ce type", souligne François, venu du Havre.
"Comme dans un stade de foot"Cette ambiance familiale au possible, semblable à celle d’un Tour de France, est parfaitement illustrée par les Liduena. À Noël, il y a deux ans, ils se sont offert le précieux sésame pour voir le plus Américain des nageurs français. "C’est seigneur Marchand ! Il est hyper sympa, il est beau… C’est le gendre idéal. La Marseillaise, Dans les yeux d’Émilie, Qui ne saute pas n’est pas Français… On a appris tout le répertoire pour le pousser de toutes nos forces", avoue le père de cette petite tribu venue de Saint-Cloud.
"C'était ouf !"Une fois plongé au cœur du réacteur de cette Arena chauffée à blanc à grands coups de "Léon ! Léon !", le public retient son souffle en même temps que son prodige. Il lâche des "ohé, ohé, ohé !" à en faire saturer le tympan au rythme de ses brasses…
Cette longue attente se transforme donc en engouement XXL. Jusqu’à en faire pâlir le héros national du dimanche, pourtant insubmersible : "C’est quelque chose (il souffle)… C’est comme dans un stade de foot. Tout le monde scandait mon nom… Je ne sais pas quoi dire, c’était ouf !"
À la Défense Arena, Florent Leybros