Pauline Ferrand-Prévot lève les bras au ciel. Une haie d’honneur l’entoure, composée d’un mélange de gens ayant le même geste qu’elle et d’autres immortalisant l’instant sur leur smartphone. Suit un boucan de « popolopopo » et de « Pauline, Pauline ». La championne, elle, a un immense sourire et le visage décomposé par l’émotion.
Elle fait un demi-tour, dans l’aire d’arrivée, pour se jeter dans les bras de son frère, de son père et de sa mère. Tous vêtus d’un t-shirt noir floqué en jaune « Allez Pauline » contrastant avec tous les maillots bleu-blanc-rouge autour.
« Félicitation ma puce, tu le mérites tellement »Alors qu’une Marseillaise retentit, scandée par une bonne partie des 13.000 spectateurs, son père lâche : « Félicitations ma puce, tu le mérites tellement ». Puis elle se prend la tête dans les mains, part se faire photographier. Elle retourne voir ses proches. On lui passe un téléphone. Au bout du fil ? Son compagnon, le cycliste pro Dylan Van Baarle. L’émotion est à son comble.
Et cela contraste avec ses huit victoires de la saison (en neuf courses), où elle souriait à peine. « Je m’étais mis en mode robot, explique la nouvelle championne olympique de VTT. J’étais dans ma bulle, je ne répondais à personne. Je m’entraînais, je mangeais et je dormais. »
Toutes ces émotions accumulées se sont libérées une fois sa mission accomplie : devenir championne olympique.
« Tu verras, elle ira loin celle-là »Quinze fois championne du monde, sur route, en VTT et en gravel, parfois avec plusieurs maillots arc-en-ciel en même temps, elle n’avait qu’un trou dans son palmarès : le titre olympique.
« C’était son rêve », confie David Lappartient, le président de l’Union cycliste internationale, qui la connaît depuis ses 13 ans et un titre de championne de France. Un titre agrémenté d’un commentaire du président de la ligue Champagne-Ardenne : « Tu verras, elle ira loin celle-là », se remémorait le Breton, dimanche après-midi.
Dix-neuf ans plus tard, cette même Pauline Ferrand-Prévot a dynamité la course dans le deuxième tour. Sous les encouragements du roi et de la reine des Pays-Bas, la Néerlandaise Puck Pieterse a fait exploser le groupe de quatre, composé de l’autre Tricolore, Loana Lecomte, et de l’Autrichienne Laura Stieggert. Et « PFP » a contré.
C’était sur les hauteurs du point culminant de l’Île-de-France (la colline d’Élancourt où se tenait la course est le point le plus haut de la région avec 231 mètres d’altitude). Et une fois que « PFP » est partie, une vague sonore l’accompagnait. Un « Allez » mouvant. Le bruit d’une foule aux anges face à la démonstration de celle qui avait choisi de faire les montées à fond et de récupérer dans les descentes.
« En capacité de gagner le Tour »« Sa domination ? Je n’avais jamais vu ça dans ma carrière », confiait un Tony Estanguet, qui avait retiré sa casquette d’organisateur pour vivre les émotions procurées par une grande dame du vélo. Après des années de quête, l’objectif de carrière de Pauline Ferrand-Prévot est désormais atteint. Avec près de trois minutes d’avance.
Et la suite ? « Elle s’écrira sur route », confiait la coureuse. « Il ne va plus lui manquer qu’une chose à gagner : le Tour de France », analyse Yvan Clolus, l’entraîneur des Bleus du VTT. Avant d’ajouter : « On échange dans le cyclisme. On a les chiffres. Elle va être en capacité de gagner le Tour de France. Il n’y a aucun sujet. » Chiche ?
Ludovic Aurégan