Dans une grosse ambiance devant 15.000 spectateurs qui ont chanté la Marseillaise à son arrivée, "PFP" a réalisé un chef d'oeuvre en solo pour devancer l'Américaine Haley Batten et la Suédoise Jenny Rissveds de près de trois minutes, un gouffre dans ce sport.
"J'ai du mal à y croire, j’ai tellement travaillé pour cette journée, j’étais comme un robot aujourd’hui. Je suis super contente mais je ne sais même pas quoi dire tellement c’est énorme", a été sa première réaction au micro de France Télévisons.
L'autre Française engagée, Loana Lecomte, a longtemps été en troisième position avant d'abandonner à mi-course après une lourde chute qui lui a brièvement fait perdre connaissance. Victime d'un traumatisme facial, "elle va bien", a indiqué l'encadrement de l'équipe de France à l'AFP.
Au moment de la chute de sa coéquipière, Pauline Ferrand-Prévot était déjà sur une autre planète.
Grande favorite, la Rémoise de 32 ans, est partie seule au début du deuxième des sept tours, poussée par son destin et la volonté de mettre enfin fin à une incroyable malédiction aux Jeux.
En trois participations, à Londres (26e), Rio (abandon) et Tokyo (10e), elle n'avait jamais réussi à décrocher la moindre médaille alors qu'elle domine la discipline depuis une décennie. Une série noire impensable car "PFP" est une légende du cyclisme féminin, championne du monde à 15 reprises dans de multiples disciplines (route, cyclo-cross, gravel,...) parfois en même temps, et surtout en VTT cross-country où elle compte un record de cinq sacres mondiaux.
Pour succéder à Julie Bresset, championne olympique à Londres en 2012 et dernière médaillée française en VTT hommes et femmes confondus, elle mis toutes les chances de son côté.
"Tellement concentrée"
Ces derniers mois, elle s'est plus que jamais barricadée, fuyant les médias et les obligations, pour se concentrer à 100% sur sa quête.
Habituée à fonctionner en solitaire, elle a opéré un changement majeur fin 2022 en devenant la première femme à intégrer l'équipe britannique Ineos, où elle fréquente notamment Tom Pidcock, un touche-à-tout comme elle et champion olympique de VTT cross-country à Tokyo il y a trois ans.
"Je fais vraiment ce que j'aime, c'est ça le principal. J'ai appris à aimer à me faire mal", a-t-elle dit.
Depuis le début de la saison, elle a enchaîné les succès et elle compte désormais neuf succès en dix courses.
L'autre favorite, la Néerlandaise Puck Pieterse, longtemps la première poursuivante de "PFP" mais à plus d'une minute, a connu des ennuis mécaniques et n'a terminé qu'à la quatrième place.
Pauline Ferrand-Prévot a, elle, volé tout le long avant de pouvoir, vu son énorme avance, longuement savourer la dernière ligne droite sous la clameur du public.
"J'avoue avoir moins forcé dans le dernier tour, je savais qu'il fallait ne pas faire d'erreur. J'étais tellement concentrée que c'était dur de vraiment profiter du public, je vais pouvoir en profiter maintenant", a-t-elle dit après s'être imposée sous les yeux de sa famille.
"Je n'ai jamais été aussi stressé, elle nous a habitué à tellement de belles choses mais là ça change tout: c'est une médaille d’or olympique, les larmes commencent à monter", a déclaré son père.