«Les enfants palestiniens sont massacrés chaque jour par le boucher de Tel-Aviv, et face à tous ces crimes, le gouvernement américain et le Congrès accueillent ce bourreau avec des applaudissements», a fustigé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanaani, en commentant sur X (ex-Twitter) ce 25 juillet le discours controversé prononcé la veille par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Celui-ci avait pris pour cible l’Iran dans son allocution devant le Congrès américain, proposant la création d’une «OTAN au Moyen-Orient» pour contrer la «menace» de Téhéran. Il a alors invité les «pays en paix» avec Israël, «ou qui y aspireraient», à rejoindre ce bloc qui a déjà été «aperçu», selon lui, le 14 avril dernier, lorsque l’Iran a lancé une vague de missiles et de drones contre Israël, abattus par les forces américaines, mais aussi britanniques et françaises.
«La honte est un tout petit mot pour ce scandale», a tonné le porte-parole iranien Nasser Kanaani en guise de réaction. Le responsable iranien a vivement dénoncé le «génocide à Gaza» et les «crimes coloniaux» en Cisjordanie, arguant que les droits naturels des Palestiniens étaient «bafoués de la manière la plus horrible, sous les yeux grands ouverts du monde entier». Les droits de l’homme, a-t-il fustigé, constituent «le slogan le plus ridicule que l’on entend de la part des dirigeants et hommes d’État américains et européens».
De son côté, le Hamas n’a pas ménagé ses mots pour dénoncer le discours du Premier ministre israélien. «Les propos de Netanyahou sont de purs mensonges et induisent en erreur l’opinion publique israélienne, américaine et mondiale», a déclaré un membre du bureau politique du Hamas, Izzat al-Rishq, qualifiant le discours de «festival de mensonges».
Sami Abu Zuhri, un autre dirigeant du Hamas, a déclaré à Reuters que le discours de Benjamin Netanyahou montrait qu’il ne voulait pas parvenir à un accord de cessez-le-feu et qu’il était «plein de mensonges pour masquer son échec à affronter la résistance ou à couvrir ses crimes de guerre».
Aux États-Unis, le discours de Benjamin Netanyahou a également fait l’objet de critiques d'opposants : plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés le 24 juillet près du Congrès américain à Washington pour protester contre la guerre menée par Israël à Gaza, au moment où le Premier ministre israélien défendait cette guerre avec vigueur devant les élus.
La foule avait scandé «Palestine libre» en protestation contre la venue de Benjamin Netanyahou. Sur des pancartes, son nom apparaissait sous la mention de «criminel de guerre».
Des employés du Congrès ont de leur côté fait grève pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza, a rapporté l’AFP.
Des membres démocrates du Congrès ont, par ailleurs, boycotté le discours. Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, a déclaré sur X (ex-Twitter) que le discours de Benjamin Netanyahou était «la pire représentation de tout dignitaire étranger qui aurait le privilège de s’adresser au Congrès des États-Unis».
Côté israélien, le chef de l’opposition israélienne, Yair Lapid, a déclaré qu’il était honteux que Benjamin Netanyahou ait parlé pendant une heure sans mentionner un accord pour les otages. Portant des affiches avec des photos d'otages, des centaines de personnes ont défilé le 24 juillet à Tel-Aviv pour exiger un cessez-le-feu, au moment où le Premier ministre s'exprimait devant le Congrès américain.
«Il nous a représentés avec fierté», a de son côté affirmé Bezalel Smotrich, ministre israélien des Finances, lequel a souligné «le partenariat profond» de son pays avec les États-Unis.
Le conflit a été déclenché le 7 octobre 2023 par une attaque de commandos du Hamas contre l’État colonial hébreu, qui a entraîné la mort de 1 195 personnes, selon le décompte de l’AFP réalisé à partir des chiffres de la sécurité sociale israélienne.
Le nombre de morts dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre du fait des représailles de Tsahal s’élevait à 39 175 ce 25 juillet, pour la plupart des femmes et des enfants, selon les chiffres du ministère palestinien de la Santé. Le bilan des blessés s’est lui alourdi à 90 403, alors qu’il reste encore des milliers de victimes sous les décombres, selon les agences humanitaires de l’ONU.