L’art sauve des vies. Au propre comme au figuré. Et malgré son apparente futilité, l’affirmation n’a rien d’une idée préconçue. Pour Crack Cloud, elle relève même de la vérité absolue. Quiconque serait amené·e à prétendre le contraire n’a jamais croisé la route de Zach Choy et de sa bande de laissé·es-pour-compte.
Depuis près d’une décennie, le collectif à géométrie variable, originaire de Calgary, dans l’ouest du Canada, s’efforce d’offrir à ses membres un cadre de réhabilitation centré autour de la création, avec la musique comme noyau dur, perçue autant comme un champ d’expression libre aux multiples ressources que comme un vecteur de réflexions aux vertus salvatrices. Relocalisé dans sa ville natale après plusieurs années passées à Vancouver, Crack Cloud revient avec un troisième album pour remettre en perspective les fondements du groupe, pour mieux célébrer la puissance de son art.
Exit les motifs de guitare acérés, les structures labyrinthiques et les envolées épiques habituelles : Red Mile tangue plutôt vers une certaine forme de contemplation, où les réminiscences d’un passé cabossé et l’introspection quant à la raison d’être du collectif résonnent au son des Modern Lovers, de The Clash ou de Richard Hell. Entre la voix heurtée du batteur-chanteur Zach Choy et une certaine propension à l’instrumental du plus bel effet (Lost on the Red Mile et sa conclusion délicate), tout tend à souligner la force du médium Crack Cloud, qui doit beaucoup aux punks originel·les. En perpétuelle quête de sens, les Canadien·nes laissent peu à peu entrer la lumière dans un No Future qui n’a plus lieu d’être.
Red Mile (Jagjaguwar/Modulor). Sortie le 26 juillet.