Dans la deuxième ville de France, qui habituellement vibre pour le ballon rond parfois plusieurs jours avant une rencontre du club local, l'Olympique de Marseille (OM), l'atmosphère est étrangement calme alors que dix matches y sont prévus, dont plusieurs des Bleus, tout comme les compétitions de voile.
"Quand nous étions à Paris, nous avons vu beaucoup d'indications concernant les Jeux olympiques. Ici, je ne vois rien de particulier. J'aurais pensé qu'il y en aurait davantage tout comme plus de monde dehors", remarque Wayne Brown en se promenant autour du Vieux-Port.
Cet Américain de 68 ans est venu depuis Seattle (ouest des Etats-Unis) en famille visiter deux semaines la France et tout particulièrement Marseille pour y assister au match de football masculin mercredi opposant le pays hôte aux Etats-Unis.
Dans une ville moins bondée que les étés précédents, difficile de reconnaître les "touristes lambda" du public sportif.
"L'ambiance est davantage à Paris qu'ici où on a juste le foot et la voile... qui ne sont pas des disciplines phares", tempère Tom Fontana, guide touristique de 19 ans.
Peu de communication
Nombreux sont en effet les Marseillais à se dire désintéressés ou indifférents à "ces JO parisiens". A rebours de la ferveur populaire lors de l'arrivée de la flamme olympique sur le sol français, accueillie par plus de 150.000 personnes au Vieux-Port début mai.
La faute au manque de communication? Aucune installation particulière dans les grands spots touristiques ne rappelle aux visiteurs la tenue des compétitions de football féminine et masculine (du 24 juillet au 6 août) et de voile (28 juillet au 8 août) dans la ville où un million de visiteurs sont attendus par les organisateurs.
Seuls quelques écriteaux temporaires, dont certains avec la mention "Paris" barrée -rivalité avec la capitale oblige- indiquent les lieux des compétitions et les moyens de s'y rendre, notamment en utilisant l'une des deux seules lignes de métro que compte la deuxième ville de France.
De-ci, de-là, des panneaux publicitaires rappellent aux visiteurs que des tickets sont encore disponibles pour voir des rencontres au Vélodrome, rebaptisé le temps de la compétition "stade de Marseille".
Autour de ce dernier, flanqué d'un drapeau olympique, seule la boutique officielle de l'OM fait le plein: "Je m'en fous un peu des JO", explique à l'AFP Maxime Vicat, 20 ans.
Blocage
Un air d'olympisme flotte toutefois aux alentours de la Marina, enceinte située sur la Corniche, au sud du centre-ville, qui accueillera les épreuves de voile.
"Paris 2024" s'y affiche en grand sur plusieurs brise-vues et des dizaines de drapeaux de délégations du monde entier donnent aux lieux une atmosphère plus compétitive. Au large, de nombreux équipages s'entraînent déjà, visibles depuis le bord de mer. Sur les trottoirs déambulent différents sportifs et encadrants, accréditations au cou.
Les commerçants des alentours espèrent en tirer profit, sans trop y croire: "On attend le 28 juillet (début des épreuves de voile) avec impatience car pour le moment on n'a rien eu du tout. Ils nous ont promis 12.000 spectateurs par jour", lance Fatia Hamadouche, présidente de l'association locale des commerçants.
Bien que son restaurant, auréolé d'innombrables fanions, soit situé en face du site olympique, il pourrait ne pas faire le plein car un service de nourriture sera proposé aux spectateurs et aux équipes à la Marina durant la compétition.
"On a perdu 90% de notre chiffre d'affaire depuis plus de deux ans en raison des travaux (de la Marina, inaugurée en avril) et ils nous font croire qu'en 10 jours on peut se rembourser...", s'étrangle Mme Hamadouche.
Elle promet une "action de blocage" des commerçants, "les oubliés et sacrifiés des JO", devant la Marina dimanche matin.
Selon Bernard Marty, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) de Provence-Alpes-Côte-d'Azur, la fréquentation des hôtels serait 1% moindre que l'an dernier à Marseille et celle des restaurants en baisse de 30%: "On est déçus, on nous a tellement vendu les JO en disant que Marseille serait plus fréquentée que jamais mais ce n'est pas le cas".