Celle que tout le monde appelle simplement "Marie" a grandi dans la cité des Grèves, un quartier de Colombes, ville populaire des Hauts-de-Seine.
Elle commence le foot à quelques minutes de là, au FCFC, le club féminin de la ville, maintenant disparu, absorbé par le Racing Club de France.
C'est son père, un grand passionné du ballon rond, qui la pousse très jeune vers ce sport.
"Son papa l'accompagnait tout le temps, il était très attentif à ce qu'elle faisait, comment elle mangeait avant les matches... Il débriefait tout avec elle, même les entraînements", raconte son ancienne coéquipière au FCFC, Fatma Zeraïbi.
Alioune Diatta, son ancien entraineur, qui s'est occupée d'elle entre ses 6 et 11 ans, se souvient d'une fille "timide, toute petite, maigrichonne, qui jouait sur sa vitesse et sa technique".
Grâce à son talent "au-dessus du lot", elle est très vite surclassée et intègre ainsi les U13 dès ses 10 ans.
Des aptitudes hors du commun, mais également une sagesse et un professionnalisme, déjà, qui tranchent avec les autres enfants de son âge.
"Après les matches, on allait manger au grec. Elle venait avec nous mais elle ne prenait jamais rien. Je ne l'ai jamais vue boire un Coca ou manger de chocolat", assure Fatma Zeraïbi.
A l'époque, Marie Katoto n'est pas encore l'attaquante qui enfile les buts qu'elle deviendra par la suite (30 en 40 sélections), mais règne sur le milieu de terrain.
"Elle jouait 6 ou 8, elle faisait le travail de récupération toute seule. Elle avait une très bonne vision du jeu, elle jouait collectif", se souvient Alioune Diatta.
"Elle aurait pu faire un excellent 10 à l'ancienne", complète Fatma Zeraïbi.
Une joueuse altruiste donc, mais parfois à l'excès.
"Elle pouvait dribbler tout le monde et au lieu de tirer elle attendait ses copines, pour les faire marquer... Ça m'arrivait de lui dire 'on a besoin de marquer là!'", sourit son ancien entraîneur.
A 10 ans, Marie Katoto perd son père et c'est Alioune Diatta qui devient pour elle une figure tutélaire dans le monde du football.
"Sa maman travaillait, elle ne pouvait pas forcément l'accompagner. Comme elle était petite, j'allais la chercher pour l'entraînement, je la ramenais chez elle après les matches", explique-t-il.
Le "déclic" du PSG
"C'était notre petite soeur à toutes. Elle prenait des coups mais elle ne les rendait pas. C'est nous qui les rendions pour elle", se remémore Fatma Zeraïbi.
Avec ce souvenir notamment d'une finale contre Juvisy où la jeune Katoto, sortie sur blessure après avoir marqué deux buts, avait dû être portée par ses coéquipières pour recevoir sa médaille après le match.
Une année, un animateur en centre de loisirs qui travaillait pour la mairie de Colombes décide d'emmener la jeune pépite au Paris SG, subjugué par son talent.
"On avait peur qu'elle ne réussisse pas les tests physiques pour entrer au PSG", se remémore son ancien entraîneur.
Mais les essais sont concluants et à 12 ans, "Oda", comme on la surnomme dans son quartier (son deuxième prénom), quitte son cocon pour le centre de formation du mastodonte de la capitale.
"Avec nous, elle s'est toujours amusée, c'était un jeu. Le déclic est arrivé quand elle est partie au PSG. Là, elle est passée à trois ou quatre entraînements par semaine, alors que nous c'était un seul", explique Alioune Diatta.
C'est donc à quelques kilomètres de Colombes et du stade Yves-du-Manoir qui accueille pendant les JO-2024 les épreuves de hockey sur gazon, que Katoto s'est développée pour devenir à 25 ans la star du PSG, sous contrat jusqu'en 2025, et de l'équipe de France.
Un statut qu'elle devra défendre sur le terrain cet été lors des JO-2024 et dès jeudi contre la Colombie, après s'être blessée gravement à un genou lors de l'Euro il y a deux ans, la contraignant à rater la Coupe du monde en Australie l'été dernier.