Âmes de la cité, les bistros de quartiers continuent d’incarner, contre vents et marées, une certaine idée du vivre ensemble. Pour vous, chaque semaine, La Montagne pousse les portes de l’un d’entre eux. Aujourd’hui, rendez-vous au Grand Café, place d’Allier à Moulins.
Sur les banquettes du Grand Café, nombreux sont les habitués à s’installer. Certains depuis peu, d’autres depuis qu’ils sont enfants, comme Roger, 92 ans, ou Dominique, 73 ans. Même pas besoin de prendre la commande, le personnel sait déjà quoi leur servir !
Cependant, on y trouve aussi des touristes de toutes les langues, venus pour admirer l’authenticité du lieu, créé il y a près de 130 ans. Car, lorsqu’on visite Moulins, le Grand café fait partie des « essentiels » à ne pas rater, avec le Centre national du costume et de la scène et la Maison Mantin.
Le Commerce où brille le soleil, à Moulins
Comme dans ces deux lieux, on se croirait dans un décor de cinéma, au Grand Café ! Ça tombe bien : il a servi pour les tournages, entre autres, des films Coco Chanel (2008), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (1959) et dernièrement Laval, le collaborateur (2021). Plusieurs serveurs de l’établissement ont même pu jouer leurs propres rôles.Les nombreux passants de la place d’Allier, sur laquelle donne le café, représentent, eux aussi, un spectacle, une « comédie humaine », que savent apprécier les habitués malicieux de la terrasse, comme Patrick et Abel.Ici, Hélène et Philippe, des habitués depuis leur arrivée à Moulins, il y a un an.
Engagée pour son établissementDu côté de l’équipe, on a moins le temps d’apprécier ce spectacle. Chacun des quatorze salariés a un rôle précis : « Tout le monde doit être à sa place », explique la gérante, Alexandra Belin, qui a même engagé des « runners », ces serveurs affectés uniquement à l’apport des plats. Sa place préférée, à elle ? Être auprès de ses clients ! Quand c’est nécessaire, elle donne des coups de main pour le service, la caisse, la plonge… Infatigable, elle est toujours en train de courir partout.
Finalement, les rares fois où Alexandra parvient à se poser à une table, elle se rappelle : « Waouh, mes clients ont de la chance de profiter de ce décor ! »À l’origine, le Grand Café, surnommé « le Grand Jus » était un bar, où l’on servait aussi quelques tartines de pâté avec les apéritifs. Aujourd’hui et depuis trente ans, il s’est orienté plus largement vers la restauration. Il s’agit maintenant d’une brasserie où l’on peut commander des plats classiques comme le pavé de Charolais ou des hamburgers.Le Grand Café est un lieu emblématique de Moulins.
Alexandra tient à faire attention à ce qu’elle met dans les assiettes de ses clients : « Je privilégie les producteurs locaux et pour la viande, j’essaie de faire attention au bien-être des animaux. » La patronne envisage même d’instaurer un jour sans viande par semaine au Grand Café. Sans se considérer comme une « écolo », elle souhaite minimiser l’impact de son restaurant. Les résidus de cuisine et les épluchures de légumes sont donnés à des agriculteurs, les eaux usées sont utilisées pour arroser les plantes de la place, etc.L’établissement est ouvert de 8 h 30 à 23 h du lundi au samedi et le dimanche de 10 h à 21 h 30.
Si le style luxueux du Grand Café peut faire un peu chargé, Alexandra essaye de faire preuve d’une certaine sobriété, d’un « bon sens ». Les nombreux lustres restent éteints quand la lumière naturelle permet. « Ce ne sont que des petits gestes du quotidien, mais il est important qu’on soit sensibilisé aujourd’hui ». Elle joint les grands gestes aux plus petits : l’an dernier, le Grand Café a versé 10.000 € à l’association bourbonnaise OCO, qui s’est donné pour mission de planter des arbres et des haies sur des exploitations agricoles.
Au Fontenoy, café du centre-ville de Moulins des années 1960
