Le géant asiatique est en proie à une crise inédite de son vaste secteur immobilier, à une consommation toujours faible et à un taux de chômage élevé chez les jeunes, tandis que les tensions géopolitiques avec Washington et l'Union européenne menacent son commerce extérieur.
Un an et demi après la levée des restrictions sanitaires qui pénalisaient l'activité, la reprise post-Covid tant espérée a été brève et moins robuste qu'escompté.
La décision sur les taux, anticipée par certains économistes, est censée encourager les banques commerciales à accorder davantage de crédits et à des taux plus avantageux et doit par ricochet permettre de soutenir l'activité.
Le LPR à un an, qui constitue la référence des taux les plus avantageux que les banques peuvent offrir aux entreprises et aux ménages, a été réduit de 3,45% à 3,35%. Ce taux avait déjà été abaissé en août 2023.
Le taux à cinq ans, référence pour les prêts hypothécaires, a été abaissé de 3,95% à 3,85%. Pour ce taux, il s'agit de sa deuxième réduction cette année après celle de février.
Très suivis par les marchés, ces deux taux sont à leur plus bas historique.
La mesure intervient après un plénum du Parti communiste, réunion clé pour donner la direction de la politique économique.
La décision de lundi représente un "pas dans la bonne direction", a déclaré Zhang Zhiwei, président et économiste en chef de Pinpoint Asset Management, dans une note, s'attendant à d'autres mesures de soutien à l'avenir.
"Mais la politique monétaire n'est pas l'outil politique le plus important", a-t-il ajouté. "Les perspectives économiques (au second semestre) dépendent essentiellement du soutien que la politique budgétaire apportera".
Tassement de la croissance
Au deuxième trimestre, la croissance économique s'est fortement tassée sur un an (+4,7%), selon des chiffres officiels publiés lundi dernier.
Ce rythme a été en deçà des attentes d'analystes et de celui du premier trimestre (+5,3%). Il est aussi le plus faible depuis début 2023, quand la Chine levait ses restrictions draconiennes contre le Covid-19, qui pénalisaient l'activité.
Par ailleurs, les ventes au détail n'ont progressé en juin que de 2% sur un an. L'essoufflement de cet indicateur clé traduit une consommation toujours morose.
Une importante réunion du Parti communiste chinois (PCC), le "Troisième Plénum", centrée sur les grandes orientations économiques, s'est tenue la semaine dernière à Pékin autour du président Xi Jinping.
Les dirigeants chinois y ont appelé à "éliminer les risques" dans l'économie, ainsi qu'à stimuler la consommation, mais sans proposer pour l'heure de mesures concrètes pour relancer une croissance morose. Ils se sont néanmoins engagés à alléger la pression de la dette sur les gouvernements locaux en réformant le système fiscal.
Les inquiétudes concernant les finances des gouvernements locaux sont en hausse depuis des années et ont été aggravées par une crise chronique de la dette immobilière.
En avril, l'agence de notation Fitch a revu à la baisse sa perspective concernant la dette souveraine de la Chine.
Selon le gouvernement central, les collectivités locales chinoises sont confrontées à une dette colossale de 5.600 milliards de dollars, ce qui suscite des inquiétudes quant à la stabilité financière globale du pays.
Le texte intégral d'une décision prise lors du troisième plénum, publié dimanche par l'agence de presse Chine Nouvelle, comprend un appel à l'établissement d'un "système de contrôle et de régulation de la dette de tous les gouvernements locaux, ainsi que des mécanismes à long terme pour prévenir et désamorcer les risques liés à la dette cachée".
Pour M. Zhang, analyste de Pinpoint, même si le troisième plénum n'a pas modifié ses objectifs politiques officiels, cette déclaration suggère que de "nouvelles mesures pour atteindre ces objectifs" ont été présentées à cette réunion au sommet.