L’exposition À travers champs, visible au musée Crozatier jusqu’au dimanche 5 janvier 2025, propose de découvrir une œuvre de Raoul Dufy : Dépiquage.Formé à l’École des beaux-arts du Havre, Dufy entre à l’École nationale des Beaux-arts à Paris en 1900. D’abord influencé par l’impressionnisme, il devient fauve sous l’influence de Matisse. Marqué par l’art de Cézanne, il peint à l’Estaque, près de Marseille, avec Georges Braque dans un style cubiste. Il se consacre ensuite à la gravure sur bois, illustrant notamment Le Bestiaire d’Apollinaire. Pour le couturier Paul Poiret, il réalise ses premiers tissus imprimés. À partir du milieu des années 1920, il met au point son propre style fondé sur un caractère comme improvisé de la touche et un subtil décalage entre le dessin et la couleur. Dans les années 1930, il se consacre à de grands décors comme La Fée Électricité pour l’Exposition internationale de 1937, œuvre de 600 m² qui fut longtemps la plus grande peinture au monde.
DépiquageRaoul Dufy s’attache durablement aux sujets campagnards et plus particulièrement au thème des moissons à partir de la fin des années 1920. Durant trois étés, de 1933 à 1936, il séjourne à Langres (Haute-Marne), où il multiplie les peintures sur ce sujet dans le style spontané et coloré qui le caractérise. Dans les dernières années de sa création, il traite souvent le thème du dépiquage, action qui consiste à séparer la paille du grain à l’aide d’une machine, la batteuse mue par une locomobile à vapeur. Ce sujet lui permet de donner libre cours à son goût pour les effets lumineux rendus avec une touche très libre. Laissé inachevé par la disparition de l’artiste, le grand Dépiquage témoigne de son attachement à ce thème. Mêlant réalité de la vie contemporaine et allégorie, Dufy place au premier plan de cette scène écrasée de soleil la figure mythologique de Cérès, déesse des moissons.