En Espagne, les syndicats d’agriculteurs appellent le ministre de l'Agriculture, Luis Planas, à prendre davantage de mesures contre le Maroc «pour empêcher que davantage de produits alimentaires avariés n'entrent en Espagne».
Luis Cortés, coordinateur de l'Unión de Uniones – la deuxième association agricole la plus représentative d'Espagne – a déclaré que des produits continuaient d'arriver «sans garanties» en provenance de ce pays nord-africain. Il a demandé au ministre de mettre en œuvre des politiques efficaces pour éviter que cela ne continue.
Cité le 15 juillet par le média espagnol Okdiario, le responsable syndical soupçonnerait un traitement de faveur envers des produits marocains et a demandé que les produits «soient analysés exactement de la même manière que ceux produits par les agriculteurs de l’Union européenne».
«Les représentants des agriculteurs devraient être autorisés à assister au prélèvement des échantillons et à la communication des résultats des analyses des produits», a exigé Luis Cortés. Selon lui, les agriculteurs ne font pas confiance aux «procédures mises en œuvre par le gouvernement et demandent à pouvoir les contrôler», a rapporté Okdiario.
Les appels au boycott des produits agricoles marocains, notamment la tomate et la fraise et plus récemment l’huile d’olive, se poursuivent en Espagne depuis plusieurs mois. Les Espagnols justifient ces attaques contre les produits agricoles marocains par une «concurrence déloyale».
En plus des appels au boycott, de nombreux comptes, sur les réseaux sociaux, incitent les Espagnols à consommer les produits agricoles espagnols à la place des produits marocains. La presse espagnole s’en est mêlée également en menant, depuis un certain temps, une campagne contre les exportations marocaines, particulièrement celles des produits agricoles.
En mars 2024, la confédération Comader, principal groupement agricole du pays, avait entrepris des poursuites judiciaires en Espagne à la suite d'attaques visant les camions transportant des produits agricoles marocains. Ces attaques avaient commencé dès janvier 2024, visant en particulier les livraisons de tomates.
Le Maroc, principal fournisseur de l’UE en tomates, a vu ses exportations vers l’Europe passer de 329 696 à 539 307 tonnes, représentant ainsi 65,6% des importations totales lors de la dernière campagne, selon le site spécialisé AgriMaroc. En termes de revenus, le Maroc a généré 363,41 millions d’euros de ventes de tomates dans l’UE au premier trimestre 2024, avec un prix moyen de 1,73 euro par kilo.
Selon les données d’Eurostat, le Maroc a dépassé l’Espagne en volume de tomates vendues dans l’UE au cours des trois premiers mois de l’année, se positionnant comme le deuxième fournisseur de l’UE après les Pays-Bas. En 2015, l’Espagne vendait dans l’UE deux fois plus de tomates que le Maroc, soit 153 680 tonnes supplémentaires.
D'excellents résultats pour les producteurs marocains mais qui suscitent une attitude hostile des agriculteurs européens. D’après AgriMaroc, l’importation de tomates marocaines fait peur aux producteurs européens, notamment en France et en Espagne.
Soutenues par leurs homologues espagnoles, plusieurs associations et organisations de producteurs français sont également véhémentes.
Le 16 mai dernier, une cinquantaine d’agriculteurs des Pyrénées-Orientales ont pris d’assaut l’autoroute A9 à Perpignan, ainsi qu’un supermarché local, pour protester contre ce qu’ils appellent «la concurrence déloyale» des fruits et légumes importés du Maroc, rapportait L’Indépendant de Perpignan.
La chaîne BFMTV rapportait le 1er février dernier que des centaines de kilos de légumes avaient été déversés sur l'autoroute A7 du côté de Montélimar, dans la Drôme, par des agriculteurs qui s'en sont pris à des camions venus de l'étranger, et plus précisément en provenance du Maroc. «Ils veulent la peau des tomates marocaines», écrivait BFMTV, expliquant cette grogne par un certain «favoritisme» dont bénéficierait le Maroc au détriment de l’offre française.
La France importe désormais presque autant de tomates qu'elle n'en produit, pointait encore la chaîne d'information, soulignant que le pays est aujourd'hui le troisième importateur mondial de tomates dans le monde, derrière les États-Unis et l'Allemagne.