Il y a exactement deux ans, en juillet 2022, René Monié, un lecteur de Causeur, nous a alertés sur le sort de la statue de Voltaire, square Honoré-Champion, dans le 6e arrondissement de Paris. Visé par des jets de peinture à de multiples reprises par des militants Black Lives Matter (Voltaire étant un esclavagiste sanguinaire bien connu), le philosophe avait été exfiltré par la Mairie de Paris en 2020. Mais après sa restauration, la statue de Drivier n’avait pas été replacée sur son socle. Explication officielle : la pierre est trop fragile.
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On l’attendrait peut-être encore si nous n’avions lancé, puis soutenu la pétition de M. Monié pour « Le retour de Voltaire ». La première surprise a été le nombre de signataires. Plusieurs milliers de personnes, anonymes et personnalités, chauffeurs de bus et académiciens, étudiants et retraités, Français et étrangers de dix-sept nationalités ont réclamé le retour de l’unique statue de Voltaire dans l’espace public parisien. La deuxième surprise n’en a pas été une. La demande s’est heurtée à la méconnaissance du dossier et à la mauvaise foi de l’Hôtel de Ville. Face à la détermination de tant de voltairiens, la Mairie a fini par découvrir que la statue n’était pas sa propriété, mais celle du CNAP (Centre national des arts plastiques). Occasion inespérée de renvoyer la responsabilité aux petits copains. Voltaire se serait amusé de la langue de bois de la plupart de nos interlocuteurs et de la valse des ministres de la Culture ; il se serait agacé des temps morts imposés par d’obscurs calculs politiques – défendre Voltaire, en France, pose problème – et se serait scandalisé de la très sérieuse proposition de le placer dans une niche de la cour de l’école de Médecine, derrière des barreaux. Puis, il y a eu une troisième surprise, une vraie. Après des mois de silence, le CNAP a fait savoir qu’il avait réalisé une copie de la statue, l’originale étant réellement trop fragile, et qu’il attendait le feu vert du ministère et de la Ville pour la mettre en place.
Voltaire est revenu sur son socle le 11 juin.
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Karen Taïeb, adjointe en charge du patrimoine auprès d’Anne Hidalgo, a clôturé la cérémonie d’inauguration. Dans son discours, elle n’a pas une fois prononcé le nom de M. Monié – pourtant à ses côtés et avec qui elle a échangé durant des mois – ni évoqué l’émouvant soutien populaire qui a accompagné cette aventure. À l’entendre, seule la Mairie a présidé au retour des Lumières dans ce coin de Paris… Splendide contre-exemple du seigneur de Ferney qui écrit : « On doit des égards aux vivants ; on ne doit aux morts que la vérité. »
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