Quatre jours après son interpellation à Vichy et placé en détention provisoire dans l'attente de son jugement en comparution immédiate, un homme, âgé de 43 ans, suspecté d'acquisition, de détention et de vente en récidive, ainsi que d'usage de stupéfiants, comparaissait une nouvelle fois, mardi, devant le tribunal de Cusset.
Dans le box où il est arrivé sous escorte, le prévenu a tenté de se justifier en déclarant : "Je ne vends pas, je dépanne juste."
Originaire de Berlin (Allemagne), Kamel Ellouidre (*) est sans domicile fixe. "Il se loge à gauche et à droite depuis de longues années", a indiqué la présidente du tribunal, Elsa Aussavy. C'est justement dans l'appartement d'un ami qu'il est interpellé le vendredi 12 juillet, rue de Venise, à Vichy, alors que son client venait tout juste de le dénoncer après lui avoir acheté de la cocaïne.
Du skateur au vendeurIl est 18 heures, lorsque les policiers de la Brigade anti-criminalité (BAC) circulent dans la rue. Tout à coup, un homme surgit avec son skateboard, roulant sans respecter aucune signalisation. Ils décident de l'interpeller.
Sur lui, les policiers trouvent des stupéfiants. Les fonctionnaires lui demandent : "Qui vous a fourni cette drogue ?". Et sans hésitation, l'homme explique alors qu’il vient d’acheter la drogue dans un appartement à un fournisseur qu’il avait contacté sur l’application Snapchat.
Aux alentours de 20 heures, le quadragénaire est arrêté dans l'appartement avec 0,4 g de cocaïne, 2,8 g de cannabis, 0,6 g d'héroïne et une liasse de billets totalisant 290 euros, qu'il justifie comme salaire perçu lors d'un travail au noir.
Lors de la fouille de l’appartement, les policiers ont saisi d’autres faibles quantités d’héroïne et de cannabis, ainsi que de l’ammoniaque.
L'application SnapChat pour vendre la drogue...Dans le téléphone portable du quadragénaire, deux messages audio envoyés sur Snapchat ont été trouvés, dont l’un dit : "Je te fais un petit truc à 20 balles ".
"Sur cette application, les messages s'effacent, a rappelé Marine Mercier, substitut du procureur. Là, ils ont réussi à en trouver deux. Imaginez, ceux qui ne sont plus là !"
Cinq mentions au casier judiciaireLe prévenu nie les faits. En défense, Me Catherine Etard-Gallot a tenté d’étayer la version de son client. La drogue était « à usage personnel » et il lui arrivait de « dépanner ».Pour tenter de le faire sortir de son mutisme, la substitut du procureur s’est adressée au prévenu : « Qui vous a embauché au noir ? Vous préférez ne pas dénoncer, mais vous risquez vingt ans de prison ! » Pas de réponse.
Le casier judiciaire quadragénaire compte cinq mentions, toutes liées aux stupéfiants. Lorsqu’on lui rappelle certains faits passés, il ne s’en souvient pas.« Mon client est détruit par la drogue. Il ne sait pas s’exprimer correctement, a ajouté Me Etard-Gallot. Il faut lui poser la question plusieurs fois. Je vous demande de prendre cela en compte. »
Le tribunal ne l’a pas suivie. Conformément aux réquisitions du parquet, il a été reconnu coupable de l'ensemble des faits par la justice. Il a été condamné à une peine mixte : trois ans de prison ferme, dont un an avec sursis probatoire durant deux ans, assorti d'obligations de travail et de soins. S'ajoute à cela l'interdiction d'entrer sur le territoire de l'Allier pendant cinq ans.
L'homme a été conduit sous escorte en prison.
Dounia Lemmouchia
(*) Conformément à la charte du groupe Centre France, l’identité du prévenu est publiée à partir d’un an de prison ferme avec mandat de dépôt ou deux ans sans mandat de dépôt.