Une fête des plantes aromatiques et médicinales à Vassivière cet automne

Le Syndicat inter massifs pour la production et l’économie des simples (Simples) promeut la fête nationale des Simples, l'occasion d'évoquer les principaux enjeux autour des plantes aromatiques et médicinales.

« L’eau est au cœur du problème. Un coup c’est l’aridité, un coup ce sont des crues », lance Thierry Thévenin, producteur de plantes et porte-parole sortant du syndicat. Le syndicat a tenu récemment une conférence de presse pour annoncer la fête nationale des simples et évoquer les enjeux liés aux plantes et à l’eau.

Simples, c’est un syndicat qui compte aujourd’hui près de 900 adhérents, dont 700 producteurs de plantes aromatiques et médicinales nommées les simples. L’organisation annonce trois fêtes dans trois régions, dont une en Limousin le 4, le 5 et le 6 octobre 2024 au lac de Vassivière. Elle comportera « un marché de producteurs et productrices de plantes aromatiques et médicinales », explique Audrey Benavent la nouvelle porte-parole de Simples.

Conférence de presse du syndicat SIMPLES à Limoges. Avec la présence de Thierry Thévenin, Audrey Benavent, Gilles Clément et Benjamin Simons. © Pierrick Mouëza.

Mais ça ne s’arrête pas là. « Il y a aussi tout un programme à destination du public. Notamment des balades botaniques pour apprendre à reconnaître la flore », continue-t-elle. « L’idée, c'est d’avoir une vision large de cette question de l’eau et essayer de faire du lien entre les populations qui s’ignorent un peu », déclare Thierry Thévenin. L’ex-porte-parole de Simples veut « éviter l’entre-soi ». Les rassemblements initiés par le syndicat donnent la parole à « des experts qui ont une expérience sur un thème qui nous concerne pour essayer de faire un rendez-vous populaire et citoyen », précise-t-il. Parmi ces experts, il y aura notamment Ernst Zürcher, ingénieur forestier ou encore Antoine Gatet, président de l’association France nature environnement (FNE).

Ces fêtes seront axées sur le thème de l’eau et des plantes. « On essaye de poser des questions qui concernent toute la population. Là, c’est l’eau. Ce n’est pas anodin. Il y a eu l’histoire à Sainte-Soline », rappelle Thierry Thévenin. Lui, prône l’unification autour de la question hydrique. « L’eau, c'est ce qui nous rassemble. L’idée est que l’eau est notre lien et qu’en se concertant, on peut arriver à la protéger », détaille-t-il.

Les activités proposées par le syndicat ont un but éducatif et visent à rappeler les effets de nos modes de vie sur l’environnement. « Il y a des plantes habituées à se passer d’eau. Et on se rend compte qu’on est dans une situation où même ces plantes-là peuvent avoir des problèmes », alerte Thierry Thévenin. Selon lui, le dérèglement climatique affecte le cycle de l’eau et donc les plantes. « Pendant quelques années, on n'avait plus d’eau. Cette année, on a l’impression d’en avoir trop », résume-t-il. Pour lui, l’effort doit venir de tout un chacun. « Le changement de mode de vie est urgent », ajoute Thierry Thévenin. « On ne peut pas non plus continuer à polluer ce qui permet de vivre », conclut-il.

On a créé un désordre.

Il évoque aussi le cas des plantes invasives. « On a créé un désordre. Il y a des plantes qui profitent de ça, qui sont soi-disant pionnières et qui profitent un temps de la situation », explique-t-il. Les rivières sont « des milieux où l’eau est relativement abondante. Ce sont des miroirs qui permettent de nous questionner et de chercher des solutions pour avoir un avenir vivable », rappelle, de son côté, Thierry Thévenin.

Vivre sobrement, « c’est une idée que tout le monde trouve formidable », déclare Thierry Thévenin. « Mais quand il s’agit de changer sa vie de tous les jours pour faire en sorte que cette idée formidable puisse être une réalité, on se dit que c’est embêtant », déplore-t-il.

Les plantes représentent « un marché énorme », lance Thierry Thévenin. « J’aurais sans doute pu adopter un modèle industriel. Aller chercher des plantes en Égypte, en Roumanie, en Chine et faire du business », continue-t-il. Mais lui et les autres membres du syndicat prônent la préservation des ressources naturelles. Aujourd’hui, de nombreuses espèces végétales sont en danger selon ses dires. Ainsi, parmi les « 25.000 plantes médicinales identifiées dans le monde, la moitié est menacée d’extinction », précise Thierry Thévenin.

« Le syndicat Simples porte une mention autour d’un cahier des charges qui valorise des pratiques respectueuses de l’environnement, que ce soit pour la cueillette ou pour la culture », détaille Audrey Benavent, la nouvelle porte-parole du syndicat. Selon elle, ce système « fonctionne vraiment en circuit court », ce qui permet de rester à une « échelle locale ». « On a vraiment cette démarche de travailler avec la nature. C’est ce qui nous différencie des pharmacies », continue-t-elle.

Ce modèle semble d’ailleurs avoir du succès. Aujourd’hui, « il y a vraiment monsieur tout-le-monde qui vient chercher des plantes », résume Thierry Thévenin. D’autant plus que lui s’est lancé sur Internet pour vendre ses produits et a donc gagné « des clients de toute la France ». Pour autant, les producteurs réunis dans le syndicat Simples « ne représentent rien dans le PIB », explique la nouvelle porte-parole de l’organisation. « On est même invisible », continue-t-elle. Thierry Thévenin rappelle d’ailleurs que 80 % des produits à base de plantes, consommés en France, sont importés.

Rendez-vous donc les 4, 5 et 6 octobre 2024 à Vassivière pour rencontrer ces producteurs et leurs produits à Vassivière.

Pierrick Mouëza