Les récents aménagements de la place Félix-Pérol, à Riom, ont fait réapparaître le bief de l’Ambène qui traverse le centre-ville de Riom. Dans tout le reste de son parcours urbain, le cours d’eau est pour le moins confidentiel : on l’aperçoit ici, coincé entre deux immeubles, on l’entend là, par une grille, qui roule sous le trottoir. Mais pour discret qu’il soit, ce bief est au cœur de plusieurs problématiques urbanistiques.
La dérivation de l’Ambène prend sa naissance au niveau de la vanne qui se trouve aux Boules, face au groupe scolaire Jean-Rostand. Elle a été réalisée vraisemblablement au XIIIe siècle, pour apporter aux moulins l’énergie nécessaire à leur fonctionnement et aux tanneurs l’eau dont ils avaient besoin.
Quels besoins aujourd'hui ?Les uns et les autres ayant disparu, quelle est l’utilité de ce bief aujourd’hui ? La question est posée. Et avec elle, de nombreuses autres.
Priorité de l’eau. C’est une lapalissade que de le dire : le bief n’est pas l’Ambène. Le cours d’eau principal est celui qui s’écoule en contournant le centre-ville par le sud, en longeant l’hôpital puis le parc Dumoulin. Cette précision est importante pour déterminer la question des priorités de l’eau. Car c’est bien le lit principal qui abrite la faune pour lesquels la continuité doit d’être assurée. Le bief ne doit être alimenté en eau que lorsque cette ressource est suffisante pour le cours principal.
C'est au niveau de la vanne, aux Boules, que débute la dérivation du cours d'eau.
Et c’est ici que surviennent les premiers problèmes. Le débit de l’un et de l’autre est géré au niveau de la vanne qui se trouve face au groupe scolaire Jean-Rostand, aux Boules. Le mécanisme est simple : il suffit d’ouvrir ou de fermer les vannes pour ajuster les différents niveaux. Mais la difficulté provient du fait que quelques riverains ont trouvé le moyen de manœuvrer eux-mêmes le mécanisme. Et qu’ils ne se privent pas de l’actionner à leur guise, en fonction de leurs besoins particuliers. « Nos agents vont régulièrement les remettre en place », assure Jean-Louis Raynaud, adjoint en charge du cadre de vie.
Pour régler cette partie du problème, la municipalité a engagé une réflexion - et les demandes d’autorisation qui en découlent - pour remplacer le système de vannes pas des seuils. Ceux-ci seraient fixes, et ne pourraient être manipulés.
Des problèmes sanitaires ? Cette artère humide dans le centre-ville serait-elle à l’origine de problèmes sanitaires ? Non. Mais à n’en pas douter, elle en est victime. Un petit nombre d’habitations le long de la dérivation rejettent encore leurs effluents dans directement dans ce canal. Il est difficile de déterminer combien de logements sont encore dans cette situation. « Dix à vingt », selon l’adjoint. Peut-être moins. Mais la situation existe bel et bien. Ce qui occasionne des désagréments évidents lorsque le débit baisse, ou quand le bief s’assèche.
Une réglementation spécifiqueQui est le propriétaire ? Quand ils existaient encore, ce sont les utilisateurs de l’eau du bief qui assuraient l’entretien de cet aménagement. Bien sûr, ce ne plus être le cas aujourd’hui. A la différence de la réglementation qui s’impose pour un ruisseau et les rivières classiques, les riverains du bief ne sont pas les propriétaires des berges. Précisément, aujourd’hui, le bief fait partie du domaine public. La mairie de Riom s’occupe de cette question-là. Mais à dire vrai… La municipalité aimerait bien que la communauté d’agglomération, qui a la compétence eau et assainissement, récupère le dossier.
Cette question a son importance, parce qu’il est nécessaire d’envisager des travaux importants dans un avenir proche.
Envasement. Pour les nécessités des fouilles archéologiques en cours place Félix-Pérol, l’écoulement de l’eau dans le bief a été coupé momentanément ces dernières semaines. Cela a permis à chacun de constater à quel point le canal est envasé, notamment sur sa portion allant des vannes jusqu’à l’institution Sainte-Marie. La pente entre ces deux points est trop faible.
Dans sa traversée du centre-ville, le bief est en grande partie souterrain. On l'aperçoit tout de même de ci de là, entre deux immeubles.
Outre le remplacement des vannes par des seuils, il est donc nécessaire, à plus ou moins long terme, d’envisager le curage du bief. Ceci soulève de lourdes contraintes techniques, notamment en termes d’accessibilité et de traitement des boue.
Jean-Baptiste Ledys