Madbox, le studio de jeux vidéo qui célèbre les succès comme les échecs

Sur la scène Plein Cadre de la dernière édition de We Are French Touch (WAFT), premier rendez-vous des industries culturelles et créatives françaises, Jean-Nicolas Vernin, fondateur des studios Madbox et Opus Major, est venu parler d'une aventure lancée en 2018 qui incarne aujourd'hui le rayonnement français en matière de création de jeux vidéo.

En matière de jeu vidéo, la France peut se targuer d'être un des pays européens les plus en vue : en 2023, le secteur représentait 6,1 milliards d'euros dans l'Hexagone1, dont 3,1 milliards pour l'écosystème console (l'équivalent de 52 % de part de marché), 1,4 milliard pour celui du PC et 1,5 milliard pour celui du mobile. Cela représente 39,1 millions de joueurs, a minima occasionnels, soit plus de 7 Français sur 10. Fondée en 2018 à la suite de la fusion de deux studios de jeux vidéo parisiens, Madbox, aujourd'hui basée à Paris et Barcelone, fait partie de ces startups françaises qui ont su se démarquer dans le secteur du jeu vidéo pour mobile. " J'ai eu le plaisir de diriger pendant sept ans Madbox avant de faire la passe à mon associé, Maxime Demeure ", confie Jean-Nicolas Vernin lors de son intervention à We Are French Touch (WAFT). En effet, le cofondateur de la start-up, qui reste à ce jour son président, a passé le relais en 2022 avant de créer un autre studio de jeu vidéo dénommé Opus Major. Mais l'entrepreneur a tout de même souhaité être présent sur la scène Plein Cadre pour évoquer la réussite et les valeurs de Madbox.  

La jeune pousse s'est rapidement imposée comme un des champions de l'hypercasual gaming, un format de jeu vidéo aux parties ultra rapides et aux règles simplissimes (Flappy Bird, pour n'en citer qu'un) dont la popularité a explosé au moment de la pandémie de Covid-19. " Notre vision depuis le début, c'est de tout faire chez nous, détaille Jean-Nicolas Vernin. On imagine les jeux, on les développe, on en assure le marketing... Notre mission est de convertir la passion qu'on a en fabriquant les jeux en millions de sourires à travers le monde, avec des gens qui nous consacrent quotidiennement 15 à 20 minutes de leur temps. " En un rien de temps, la start-up a réalisé de belles performances sur ce nouveau marché en franchissant en très peu de temps la barre des 100 millions de téléchargements pour un jeu comme le jeu acrobatique Stickman Hook. Fort de ce succès éclair, Madbox a pu rejoindre en 2021 l'indice FrenchTech Next 40/120, marchant sur les pas d'une licorne française pionnière de l'hypercasual gaming telle que Voodoo. " Créer des jeux vidéo est une chose compliquée, insiste le dirigeant. Il y a eu beaucoup d'idées chez Madbox qu'on a essayé de transformer en succès. Et comme beaucoup de startups, lorsqu'on démarre dans une industrie, il y a quelques mois et trimestres qui sont difficiles avant de trouver la bonne recette. "  

Ne dérogeant pas à la règle, Jean-Nicolas Vernin est arrivé sur la scène Plein Cadre avec un objet porteur de sens reflétant son aventure entrepreneuriale : en l'occurrence, une pièce extraite d'un mur pour le moins atypique situé dans les locaux de la société, à Paris, non loin du Grand Rex. " Lorsque le succès s'est abattu sur nous rapidement, témoigne-t-il, on s'est demandé comment célébrer cette culture entre l'échec et les succès. On a cherché une première inspiration à Hollywood, avec le célèbre Walk of Fame. " Une bonne idée pour honorer les succès de l'entreprise, au risque de prendre la grosse tête. " Avec mes associés et les équipes on s'est dit que c'était exactement ce qu'il ne fallait pas faire, précise l'entrepreneur. Plutôt qu'un mur rendant hommage à tout ce qui a marché, on a préféré faire un Wall of Fail pour célébrer tous ces jeux qui n'ont pas fonctionné au sein de l'entreprise. " Et c'est donc une pièce de ce mur que le cofondateur de Madbox a apportée avec lui sur scène. " C'est plutôt une image qui célèbre tout ce qu'on a raté, pour ne jamais oublier d'où l'on vient, fait-il remarquer. Comme tout le monde passe devant, on a voulu que ce soit un rappel à l'humilité en permanence. "   

Pourquoi est-il donc si important pour l'entreprise parisienne, nettement consolidée en 2019 grâce à une levée de fonds de 15 millions d'euros auprès d'Alven Capital, de mettre en valeur ses échecs ? " On a lancé à peu près 200 prototypes en quatre ans pour avoir finalement dix heureux élus, soit un ratio de 1 sur 20, souligne Jean-Nicolas Vernin. Ce n'est pas parfait, mais il faut savoir qu'il y a beaucoup de nos amis et de studios de jeux vidéo qui sont plutôt à 1 sur 100 voire 1 sur 150, constate-t-il. On est donc déjà très heureux d'avoir ce ratio. " Mais tenir le cap face à tant d'adversité est loin d'être évident. " Comment fait-on pour se relever quand on s'est pris 200 baffes dans la figure ? interroge Jean-Nicolas Vernin. On y répond par notre culture et les quatre valeurs qui forgent la passion des Madboxers au quotidien. " Premier pilier énuméré par le dirigeant : l'explorer-ensemble. " Parce qu'on est dans une industrie où il faut prendre des risques créatifs, justifie-t-il. Plus vous explorez, plus vous prenez le risque de vous casser la figure. En tant qu'équipe soudée, on fait en sorte que d'autres personnes puissent raviver le flambeau de la créativité quand quelqu'un doute ou prend des risques au sein d'une création. " 

Le deuxième pilier ? " Apprendre vite ", énonce le cofondateur de Madbox, en tout cas savoir corriger le tir quand on est sur une mauvaise trajectoire, ce qui semble être l'adage de beaucoup de startups innovantes et créatives. La troisième valeur clé de l'entreprise " est de développer les Madboxeurs en leur demandant de forger leur propre trajectoire, indique Jean-Nicolas Vernin. Et le dernier pilier, c'est d'instaurer une culture du feedback, quand ça va comme quand ça ne va pas. Pour que ce soit audible, la manière dont on apporte ce feedback est tout aussi importante que la manière dont on le reçoit. " Une conception de la réussite qui n'est finalement pas sans rappeler cette citation attribuée à Winston Churchill et que le co-créateur du studio de jeux vidéo convoque sans hésiter : " Le succès, c'est d'aller d'échec en échec sans perdre son enthousiasme. " Etant donné le nombre de prototypes sortis par Madbox ces dernières années, il n'y a pas à s'inquiéter de l'" enthousiasme débordant pour fabriquer du jeu vidéo " qui règne chez Madbox. De quoi largement inspirer les créateurs des jeux vidéo de demain ! 

Source 

Bilan Marché 2023 du Jeu vidéo en France SELL  

Cet article a été publié initialement sur Big Média Madbox, le studio de jeux vidéo qui célèbre les succès comme les échecs