"En dépit de l'intervention chirurgicale pratiquée hier (vendredi, NDLR), l'état de la victime demeure gravissime à cette heure, avec un pronostic vital très engagé", a déclaré samedi Jérôme Bourrier, procureur de la République de Bayonne, lors d'une conférence de presse.
Les faits sont survenus jeudi soir, au lendemain du lancement des fêtes, au niveau d'une gare routière spécialement mise en place pour les festivités qui accueillent des centaines de milliers de personnes chaque année.
Les versions sur l'origine de l'altercation entre les deux hommes diffèrent. La victime, un festayre âgé de 58 ans et en état d'ébriété (1,87 g d'alcool par litre de sang), aurait invectivé le mis en cause, un Français guadeloupéen de 39 ans qui évoque des propos à caractère raciste, ce que la compagne de la victime conteste, a retracé le procureur.
La pression monte malgré les tentatives d'apaisement du chauffeur et du régulateur de la société de transport. Les deux hommes se retrouvent à l'extérieur du bus et le mis en cause se précipite vers le quinquagénaire, criant "Je suis un champion de boxe", a poursuivi M. Bourrier.
Après deux "violents coups au visage", la victime chute au sol.
"En dépit de tous les efforts déployés" par les médecins, son état "demeure gravissime" à ce stade: l'homme souffre d'un "traumatisme crânien grave avec hémorragie cérébrale engageant le pronostic vital, associé à une fracture maxilo-faciale", a détaillé le procureur.
"Nombreux antécédents judiciaires"
Arrêté le lendemain de l'agression, le mis en cause qui travaille dans une société de nettoyage, a livré des éléments "pas tout à fait compatibles avec la vidéoprotection", a relevé le magistrat.
"Il semble dire qu'à la suite des invectives, il a avant tout voulu se protéger alors que l'image laisse clairement apparaître que la victime n'a, à aucun moment, tenté de porter des coups", a-t-il souligné.
Selon le parquet, le mis en examen a un "profil manifestement violent, avec de nombreux antécédents judiciaires".
Sorti de prison en avril, il a été condamné 16 fois par le tribunal correctionnel, dont 12 pour violences aggravées. Son casier affiche notamment une peine de cinq ans de prison ferme pour des violences ayant entraîné une infirmité permanente et une autre de trois ans pour des violences intrafamiliales.
Cet homme devait être présenté samedi après-midi au juge des libertés et de la détention, le procureur ayant requis son placement en détention provisoire "au regard de la gravité des faits et des antécédents".
La Ville de Bayonne a "condamné avec force un tel drame", tout en réaffirmant "sa volonté et son engagement en faveur de fêtes apaisées et respectueuses".
L'édition 2023 des fêtes de la ville avait été endeuillée par l'agression mortelle d'un habitant du centre-ville.
Patrice Laniès, 46 ans, avait été roué de coups après avoir fait une remarque à un groupe de jeunes fêtards, surpris en train d'uriner devant sa porte. Il avait succombé à un traumatisme cranio-cérébral neuf jours plus tard à l'hôpital.
Dans ce dossier, six hommes et une femme, âgés de 22 à 34 ans, ont été mis en examen pour "meurtre suivi de non-dénonciation de crime" et placés sous contrôle judiciaire.
En 2023, ces fêtes considérées comme l'un des plus grands rassemblements populaires d'Europe avaient enregistré une fréquentation record avec environ 1,3 million de festivaliers.
Les rues de la cité basque se remplissent d'animations, de musique et de comptoirs de bar à ciel ouvert, où se massent des centaines de milliers de participants, les "festayres" qui tous arborent une tenue blanche et rouge.