La jeune pousse Navee, qui utilise l’intelligence artificielle pour repérer les produits contrefaits en ligne, vient de publier un état des lieux des conséquences de la prolifération de ces imitations. A l’approche des Jeux olympiques, les Douanes françaises craignent une recrudescence d’un phénomène qui pénalise des secteurs entiers.
Produits de beauté, maroquinerie de luxe, vêtements, montres, jouets mais aussi médicaments, téléphones portables et jusqu’aux voitures de collection, la contrefaçon ne faiblit pas. En France, le nombre d’articles saisis a quadruplé en quatre ans, selon les Douanes, passant de 4,5 millions en 2019 à 20 millions en 2023.
Non seulement ces copies dupent le consommateur et peuvent représenter un danger pour sa santé, mais elles constituent également un manque à gagner pour les marques. En 2020, 46,6 milliards d’euros (Md EUR) ont été perdus en raison de la contrefaçon qui représente 5,8 % des importations de l’Union européenne selon l’OCDE et 3,3 % des échanges internationaux de biens.
L’ampleur de ce fléau est telle que si la production de contrefaçons était un pays, elle serait le sixième plus grand émetteur de CO2 au monde, rappelle Navee. Cette startup née en 2018 utilise des outils capables, grâce à l’IA, de traquer en masse sur les plateformes d’e-commerce les images volées et copiées dans le but d’écouler contrefaçons et autres faux objets de marques connues.
L’analyse des données récoltées par cette jeune pousse montre que les pertes économiques provoquées par ces imitations s’élèvent, au niveau européen, à 12 MD EUR par an pour l’industrie de l’habillement soit 5,2 % du chiffre d’affaires global du secteur. Dans ce seul secteur, la contrefaçon représenterait une « réduction d’emplois » de 160 000 personnes.
Autre secteur particulièrement concerné, la cosmétique perd 3 Md EUR par an, soit 4,8 % de son chiffre d’affaires, et 32 000 emplois sont concernés. En part du chiffre d’affaires, c’est l’industrie du jouet qui est e plus touchée (8,7 %) avec des pertes économiques s’élevant à 1 Md EUR par an.
Avec l’explosion du commerce en ligne depuis la pandémie de Covid-19, les imitations ont trouvé un nouveau canal de diffusion. Aussi le nouveau plan national anti-contrefaçons, présenté en mars dernier par le ministre délégué en charge des Comptes publics Thomas Cazenave, met-il un accent particulier sur la prévention et la répression des trafics de contrefaçons sur Internet et sur les réseaux sociaux.
Pour ce faire, les douaniers français disposent depuis juillet 2023 d’une nouvelle loi autorisant l’injonction numérique. Concrètement, la Douane peut demander à un site internet de déréférencer un vendeur qui facilite des délits douaniers. En outre, depuis 2009, le service « Cyberdouane » de la Direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED), doté de 70 agents, est chargé d’assurer la cybersurveillance des sites d’e-commerce.
Le commerce physique de contrefaçons n’est pas en reste, en particulier à l’approche des Jeux olympiques. Le marché aux puces de Saint-Ouen, haut lieu de la contrefaçon de vêtements situé non loin du stade de France a fait l’objet, est en particulier dans le viseur des autorités. En avril dernier, un coup de filet a permis la fermeture de 11 magasins, 10 arrestations et la saisie de pas moins 63 000 articles contrefaits.
Sophie Creusillet
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