Cette année, cela fait 25 ans que l’Office national des chemins de fer (ONCF) au Maroc a recruté la première conductrice de train. Une pionnière nommée Saïda Abad.
Cette Marocaine, originaire de Casablanca, avait obtenu en 1999 les qualifications nécessaires pour devenir conductrice de train. Un article de Libération daté du 19 février 1999 rapportait que Saïda Abad, alors âgée de 34 ans, était entrée le 25 janvier de cette année-là à l'Office national des chemins de fer marocains, «non comme guichetière», relevait le journal, mais «comme conductrice de locomotive».
Événement historique : Saïda Abad devenait ainsi la première conductrice de train en Afrique et dans le monde arabe, ainsi qu’une source d'inspiration pour de nombreuses femmes marocaines, arabes et africaines. «Après avoir fait entrer l’an dernier des femmes en uniforme dans sa police, le Maroc a annoncé l’arrivée de la première femme conductrice dans ses trains», écrivait le journal libanais L’Orient-Le Jour dans son édition du 20 février 1999.
Entrée dans l’administration de l’ONCF en 1992, cette fille de cheminot, fidèle à la tradition familiale, a travaillé pendant 17 ans comme opératrice ferroviaire au Maroc où elle a notamment dirigé un train qui circulait entre Casablanca et Rabat, capitales économique et politique du pays.
En 2017, le dernier train conduit par Saïda Abad est entré en gare de Casa Port dans la matinée du 24 janvier. «Saïda Abad a été accueillie chaleureusement par ses collègues depuis 17 ans, ses proches et des travailleuses des transports de nombreux autres secteurs», décrivait à l’époque la Fédération internationale des ouvriers du transport (ITF).
En 1997, alors qu’elle était employée administrative à l’ONCF, Saïda Abad fut l’une des quatre Marocaines à participer au nouveau programme de formation mis en place par la société pour promouvoir les femmes à des fonctions plus élevées ou à d’autres secteurs d’activité.
Deux ans plus tard, en 1999, elle a été la seule, parmi trois femmes candidates, à passer avec succès les tests d’aptitude au métier de conductrice. Elle commença alors à assurer la liaison entre les 120 kilomètres qui séparent la ville de Salé, jumelle de Rabat, et l’aéroport Mohamed V de Casablanca.
Devenue conductrice de train, elle «utilisait cette promotion pour combattre le sexisme et prouver que les femmes peuvent travailler sans compromettre l’équilibre familial», raconte encore l’ITF. Certes, d’autres femmes sont maintenant devenues conductrices, chefs de gare et directrices de services à l’ONCF, mais pas encore assez, selon Saïda, citée par l’ITF.
La fin de la carrière de cette conductrice pionnière marque le début de nouvelles fonctions syndicales. Saïda rejoindra le comité des femmes du syndicat, et jouera un rôle pivot pour soutenir et promouvoir les droits des travailleuses des transports et le rôle des femmes au sein des syndicats.
Une responsable de l’ITF, Isabel Cortes, se souvient de sa première rencontre avec Saïda, lors de l’une des premières réunions du Comité des femmes de l’ITF. «Le monde était impressionné par la véritable révolution qu’avait initiée Saïda», a-t-elle souligné. «Il lui avait fallu beaucoup de courage et de détermination pour s’imposer dans un environnement auparavant exclusivement masculin.»