Signe de la grande tension, le chef de file des élus démocrates à la Chambre des représentants a interdit les téléphones lors de la première réunion mardi matin de son groupe, pour éviter toute fuite en temps réel dans la presse.
Du côté de l'autre chambre du Congrès américain, c'est autour du déjeuner que les sénateurs s'entretiendront de l'avenir politique du président, farouchement déterminé à rester en course malgré le débat complètement raté face à son rival républicain le 27 juin.
Le sort de Joe Biden est très loin d'être scellé.
"C'est notre seul candidat" et "j'espère que nous allons tous le soutenir", a ainsi confié l'élu démocrate Jerry Nadler à des journalistes mardi, qui se veut pragmatique.
Or, selon la presse américaine, il penchait jusqu'ici pour un retrait.
Mike Quigley, l'un des premiers élus démocrates à avoir lâché publiquement Joe Biden, n'a lui pas changé d'avis. "Il doit se retirer parce qu'il ne peut pas gagner et mes collègues doivent s'en rendre compte", a-t-il lâché.
Otan
Pendant que son avenir politique se discute dans les couloirs du Congrès, Joe Biden joue mardi la carte de l'envergure internationale.
Il doit prononcer un grand discours à l'ouverture du sommet annuel de l'Otan dans la capitale américaine, et multiplier les réunions bilatérales, autant d'occasions de jauger son endurance et son énergie.
Le président américain répète, sur un ton de plus en plus véhément, qu'il restera en course, balayant les inquiétudes sur son état de forme et les sondages médiocres.
Le démocrate en est persuadé, "l'électeur de base" le soutient, et les discussions autour de sa candidature ne sont qu'élucubrations des "élites" politiques, des grands donateurs et des éditorialistes.
Détermination ou déni? Le comité éditorial du New York Times, qui a déjà appelé le démocrate de 81 ans à abandonner sa quête d'un second mandat, penche pour la seconde lecture.
Les démocrates "doivent lui dire qu'il est en train de se ridiculiser et de mettre en péril tout son héritage politique. Il doit entendre, simplement et clairement, qu'il n'est plus un défenseur efficace de ses propres idées", assène le grand quotidien mardi.
Divisé
Pour l'heure, le parti du président apparaît divisé.
La petite musique des appels publics à un retrait se poursuit, relayée par des élus de plus en plus influents, comme par exemple lundi Adam Smith, un élu de l'Etat de Washington (ouest).
Mais aucune très grande voix démocrate ne s'est jointe à ce choeur pour l'instant.
De son côté, sans que cela ne fasse autant de bruit, Joe Biden engrange les soutiens.
Une élue progressiste en vue, Alexandria Ocasio-Cortez, s'est rangée derrière lui mardi, tout comme des représentants de la communauté afro-américaine, un électorat décisif dans sa victoire en 2020.
A quatre mois seulement de la présidentielle, forcer Joe Biden à jeter l'éponge serait pour son parti une opération très incertaine et extrêmement périlleuse.
Même si elle réussissait, il faudrait que les démocrates arrivent sans s'entre-déchirer à faire émerger une autre candidature, au plus tard lors de la convention d'investiture d'août. Ne resteraient alors que deux mois environ de campagne avant la présidentielle du 5 novembre.