Alors que son rival démocrate traverse sans doute la pire semaine de sa carrière politique, le candidat républicain a résisté à la tentation de l'enfoncer en public.
Pas de diatribe, pas de nouveau sobriquet assassin: Donald Trump, pas vraiment connu pour avoir la langue dans sa poche, n'a quasiment pas commenté la tempête que le président démocrate affronte autour de sa candidature.
Tout juste s'est-il vanté, au détour de quelques publications sur son réseau Truth Social, d'avoir "anéanti" son rival lors de leur duel télévisé du 27 juin.
Le quasi-mutisme de Donald Trump est d'autant plus surprenant que le républicain est d'ordinaire le premier à attaquer le président de 81 ans sur son état de forme.
Dans l'un de ses numéros préférés en meeting de campagne, le showman moque l'âge de son rival. Il joue un Joe Biden hagard, désemparé, incapable de descendre de scène, pour le plus grand plaisir de ses fans, à la célèbre casquette rouge.
Et de lancer: "Il est quasiment incapable de lire, de se tenir debout!"
Son camp répète depuis des années que le président américain est sénile, montages tendancieux à l'appui.
Dans une interview accordée lundi soir à Fox News, Donald Trump a critiqué sobrement la performance de M. Biden lors du débat, évitant de mentionner une éventuelle maladie grave ou de s'en prendre à sa santé mentale.
Il a ajouté qu'il pensait que M. Biden resterait dans la course.
"Ce fut un débat étrange, parce que dès les deux premières minutes, les réponses qu'il donnait n'avaient pas beaucoup de sens", a-t-il indiqué. Le républicain a déclaré qu'il n'avait pas regardé M. Biden pendant le débat "sauf lorsqu'il s'est un peu égaré".
Lorsqu'on lui a demandé s'il pensait que M. Biden devait se retirer, M. Trump a répondu : "Eh bien, nous nous sommes préparés (en fonction de) lui, mais je ne pense pas que cela ait de l'importance".
Silence "délibéré"
Alors comment expliquer ce changement de posture?
Pour le stratège républicain Rob Burgess le quasi-silence du candidat républicain est absolument "délibéré".
Rares sont les occasions pour Donald Trump, condamné au pénal fin mai à New York, de détourner l'attention de ses ennuis judiciaires. Ou de ses positions, toujours très impopulaires, sur l'avortement.
"Pourquoi se mettre au cœur d'un tourbillon médiatique quand cela n'est pas nécessaire?", avance Rob Burgess, membre de l'équipe de campagne de Donald Trump en 2016 et en 2020, à l'AFP.
Est-il aussi possible que Donald Trump, 78 ans, retienne les coups de crainte d'être opposé à un candidat plus jeune que Joe Biden en novembre?
C'est ce qu'a insinué David Axelrod, ancien stratège de Barack Obama.
"Trump ne parle pas beaucoup du mauvais débat de Biden. Sa campagne ne fait pas de spots publicitaires à ce sujet", a-t-il lancé. "A votre avis, pourquoi une telle retenue?", a-t-il écrit tout en sous-entendus sur X.
Rendez-vous à Milwaukee
En Floride mardi pour l'un de ses premiers meetings de campagne depuis le débat, Donald Trump résistera-t-il à la tentation d'imiter un président américain à la peine?
Le républicain doit détailler "comment la présidence ratée de Joe Biden a eu des conséquences catastrophiques pour les habitants de Floride et les Américains", selon son entourage.
L'événement est prévu en grande banlieue de Miami, à partir de 19H00 locales (23H00 GMT).
Sur scène, le républicain devrait être accompagné de Marco Rubio, influent sénateur de Floride qui figure sur la liste des trois ou quatre noms que Donald Trump envisage comme candidat à la vice-présidence à ses côtés.
Les profils du sénateur J.D. Vance et du gouverneur Doug Burgum circulent aussi et le camp Trump devait officialiser son choix au cours des derniers jours.
Mais là encore, les républicains ont préféré laisser les projecteurs sur la guerre de tranchées que se livrent les démocrates, à quatre mois de la présidentielle.
Le nom du colistier de Donald Trump sera dévoilé la semaine prochaine au plus tard, quand débutera la convention du Parti républicain à Milwaukee. Ce grand raout sera l'occasion pour les républicains de couronner formellement Donald Trump comme le candidat du parti. Et de capter, à nouveau, un peu de lumière.