Interpellé, le 2 juillet, dans un appartement situé avenue Jules-Guesde alors qu’il venait de vendre un gramme d’héroïne à une jeune femme et depuis incarcéré à la prison de Montluçon, il tente de se justifier : "Ce n’était pas mon intention de vendre quoi que ce soit".
Et le jeune homme, domicilié à Lille, d’expliquer être venu dans la cité des bords du Cher pour garder un appartement durant une semaine, moyennant la somme de 350 euros.
Sept mentions au casier judiciaire"Tout se passait bien jusque-là, mais le dernier jour, on m’a dit que si je ne vendais pas de drogue, je ne toucherais pas l’argent qu’on m’avait promis et que je ne pourrais pas rentrer chez moi", ajoute-t-il. "C’est qui on ?", interroge la présidente du tribunal. "Je ne peux pas donner de nom. Je ne veux pas mettre ma famille en danger", répond le prévenu.
La présidente poursuit en évoquant son casier judiciaire qui comporte déjà sept mentions, dont trois pour trafic de drogue. "Je n’ai pas eu une enfance facile. Je sais que cela ne justifie pas ce que j’ai fait mais il fallait que je trouve de l’argent. J’en avais besoin."
141 grammes d'héroïneGuère convaincu, le procureur de la République entame son réquisitoire en ironisant sur "nos amis lillois qui viennent régulièrement à Montluçon pour se livrer à leur trafic". Avant de reprocher ses arguments au jeune homme : "Il n’a rien vu, rien entendu. Il ne sait rien. On a du mal à le croire". Il a également rappelé que lors de la perquisition de l’appartement de l’avenue Jules-Guesde, les policiers avaient saisi 540 euros en espèces, quelques grammes de cannabis et surtout 141 grammes d’héroïne, d’une valeur de 3.500 euros, cachés dans le micro-ondes. Pour le procureur, il ne fait aucun doute que le prévenu "a tout d’un grand délinquant".
"L’imagination du procureur comble les trous qui sont dans ce dossier", rétorque l’avocat de la défense, tentant de convaincre le tribunal d’éviter à son client de "se retrouver en détention à Montluçon à plus de 500 km de sa famille au risque de le mettre sous le joug de personnes qui ont fait le choix d’être des voyous".
Le jeune homme a finalement été condamné à deux ans de prison dont un an assorti du sursis probatoire et à 120 heures de travail général. Il a en outre obligation de trouver un travail ou de suivre une formation et a l’interdiction de séjourner dans le département de l’Allier durant cinq ans.
Martial Delecluse
