Pas de chance pour Jean-Paul et Guilaine : l’aire de camping-cars du lac du Causse, gérée par la communauté d’agglomération du bassin de Brive (Corrèze), est toujours fermée. Le couple et son spacieux véhicule se sont rabattus sur un parking sur l’autre rive. « On ne peut pas vider les toilettes ni remplir le réservoir d’eau », déplore Jean Paul. « Mais ça ira, on ne reste qu’une nuit », temporise sa femme. Après tout, l’endroit est charmant, arboré avec vue sur le lac.
L’aire de camping-cars, située sur le parking du poste de secours à Lissac-sur-Couze, est fermée depuis l’été 2023 : dégradée, elle ne répond plus aux standards actuels. Comme l’explique Bernard Laroche, conseiller communautaire, la collectivité a rencontré des difficultés pour gérer le site : « Cela nécessite du personnel disponible en permanence pour gérer le fonctionnement et la maintenance des fosses de vidange, bornes électriques, barrières de sécurité. Il faut également assurer les réservations et les paiements, sans compter tout l’aspect promotion du site. »
Le marché lucratif des aires de camping-carsLes élus souhaitent une aire de camping-cars digne de ce nom, à la hauteur du site exceptionnel du lac du Causse. « C’est pourquoi elle va être entièrement rénovée et son exploitation confiée à une société spécialisée, en délégation de service public », précise Bernard Laroche. Le principe : l’entreprise gère le site et reverse à la collectivité une commission sur les ventes.
Plusieurs sociétés se disputent ce marché lucratif. Camping-car Park (600 aires en Europe dont cinq en Corrèze) fait valoir son succès commercial. « Nous avons 1,2 million d’adhérents en Europe. Lorsque nous reprenons la gestion d’une aire pour le compte d’une collectivité, la fréquentation est multipliée jusqu’à dix dès la première année », explique Olivier Coudrette, directeur général de Camping-car Park. Des aires cossues, avec des tarifs autour de 12 euros la nuit mais qui peuvent monter à 20 euros.
Chez Aire Park, et son réseau Aires Services (1.500 aires en Europe, dont dix en Corrèze), on met en avant l’accès sans carte d’abonnement et une offre sur-mesure pour les collectivités, à l’opposé de la standardisation. Ainsi, certaines aires possèdent tous les services, d’autres justes le minimum ; certaines sont payantes, d’autres gratuites, avec la possibilité de payer uniquement la consommation d’eau ou d’électricité par exemple.
Les camping-cars en demande de nombreux servicesUn camping-car coûte en moyenne entre 50.000 et 80.000 euros. Pour profiter pleinement de leur investissement, les propriétaires sont en demande de nombreux services. « Outre la vidange des eaux usées, l’accès à l’eau et l’électricité, beaucoup souhaitent aussi du Wifi et la possibilité de réserver et payer en ligne. Et enfin des garanties de sécurité, clôtures, barrières et vidéosurveillance », assure Olivier Coudrette.
La sécurité sur le parking, voilà qui inquiète, en effet, Guilaine. « Quand on voit d’autres camping-cars sur place, c’est rassurant, on sait que l’on peut compter les uns sur les autres », ajoute la nomade moderne. Justement, un couple d’Anglais stationne en contrebas, profitant de l’ambiance bucolique pour une promenade avec leur chien.
Dès septembre, la communauté d’agglomération va lancer l’appel à candidature pour une délégation de service public sous forme de concession de sept ans. Ouverture prévue en avril 2025. D’ici là, les camping-cars qui ont besoin d’eau, d’électricité et d’une station de vidange peuvent réserver un emplacement au camping.
Camping du lac du Causse207 La Prairie, Lissac-sur-Couze.Tel : 05 55 85 37 97. Site web.
Emmanuelle Mayer
