Retrouvez les derniers coups de coeur "culture" des journalistes de la rédaction :
SérieUn homme, un vrai. Le monde des affaires est un univers impitoyable et ce n’est pas Charlie Croker qui vous dira le contraire. À la tête d’un empire agroalimentaire basé à Atlanta, il apprend, le jour de ses soixante ans, que la banque qui a financé, durant de longues années, son appétit de businessman lui réclame la coquette somme de 800 millions de dollars. À payer le plus rapidement possible sous peine de faillite.Loin de se laisser abattre, Charlie Croker (interprété par l’incomparable Jeff Daniels) tente, souvent maladroitement, de trouver une parade au coup de massue qui vient de lui tomber sur le crâne. Quitte à passer un deal avec le maire de la ville, en pleine campagne électorale et pas du tout certain de retrouver son fauteuil.Tiré d’un roman de Tom Wolfe, l’auteur du best-seller “Le bûcher des vanités”, cette mini-série de six épisodes (Netflix) ne manque pas de charme mais aurait mérité un traitement plus en longueur. Elle s’égare parfois en suivant le parcours d’autres personnages et le final est grotesque. Il ne gâche pas pour autant le plaisir du spectateur face au brio de Jeff Daniels.Martial Delecluse
Bande dessinée
Devoir de mémoire. C’est dur. Dur de tourner ces pages. Pour que l’histoire ne le fasse pas. Le 10 juin 1944, Robert Hébras a 18 ans quand la division blindée Das Reich investit son village de Haute-Vienne. Oradour-sur-Glane. Ils ne sont pas beaucoup à avoir survécu. Robert Hébras était le dernier. Il a parlé. Témoigné. Jusqu’à sa mort en 2023. Aujourd’hui, son récit devient BD. Et donne vie aux victimes. Parce que, comme toujours, l’horreur a des noms. Des vies. Les corps avaient des familles. Des peurs et des amours. Les cadavres ont espéré qu’il ne s’agissait que d’un dernier exercice d’une armée en déroute. Comment se douter que l’horreur avait choisi la loi du Talion en chant du cygne ? Un village entier. Fusillés pour certains. Éparpillés à l’explosif pour d’autres. Brûlés pour tous. Une horreur qui se produit encore aujourd’hui. Et se reproduira encore. Homo sum, humani nil a me alienum puto. (Le dernier témoin d’Oradour-sur-Glane, de Arnaud Delalande, Laurent Bidot et Agathe Hébras, éditions Harpercollins, 96 pages, 21,90 €).Simon Antony
MusiqueNeil Young : Early Daze. On ne sait pas quand ça s’arrêtera, et c’est tant mieux. Cela fait une dizaine d’années que Neil Young a ouvert en grand les portes de ses archives pour en tirer des albums inédits, fruits de son inspiration apparemment sans borne. C’est parfois un peu inégal, mais cet Early Daze est un excellent cru. Mieux : une splendeur qui se languissait dans les greniers du chanteur canadien depuis... 1969, soit quand même cinquante-cinq ans ! Pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour partager ces bijoux avec le public ? On n’en sait rien, car Neil Young n’obéit qu’à sa tortueuse logique. Qu’y trouve-t-on ? Des versions jamais entendues de titres iconiques enregistrés au début de sa carrière avec le mythique Crazy Horse. Un groupe d’une constante fidélité qui l’accompagne toujours en 2024... Mais là, l’inspiration est au sommet, les chansons sont magnifiques (Down by the river, Helpless, Birds)... que dire de plus ? Si le paradis existe, il ressemble à ça... Rémi Bonnet
Jeu de sociétéAvec Courtisans, renversez la table. C’est l’endroit où il faut être vu. Quelles familles seront le mieux représentées au banquet de la reine ? Dans Courtisans (Catch up Games), vous jouez de votre influence pour vous faire une place à la table royale… et faire tomber en disgrâce vos ennemis. À votre tour, vous disposez de trois cartes courtisans à placer. L’une, chez vous (pour vous renforcer), l’autre chez vos adversaires (pour les affaiblir), la troisième au banquet : du bon côté de la table pour faire grimper vos familles dans le cœur de la reine, du mauvais côté pour les bannir. Pouvoirs, objectifs, dans ce petit jeu de cartes à l’interaction très forte, le chaos n’est jamais loin : les coups fourrés pleuvent, les alliances se font et se défont. C’est vif, malin et joliment illustré. Belle ambiance garantie autour de la table.Alexandre Charrier
CinémaLe comte de Monte-Cristo. Heureux les spectateurs qui n’ont qu’un vague souvenir du roman d’Alexandre Dumas (ou qui ne l’ont jamais ouvert). Ils n’éprouveront que davantage de plaisir à découvrir sur grand écran cette géniale et indémodable intrigue. Ceux qui auront relu le livre juste avant d’aller voir le film de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière seront peut-être plus tatillons sur les choix d’adaptation, sur la place laissée à telle ou telle partie de cette histoire à tiroirs. Mais comment se montrer plus critique. La qualité du casting (Pierre Niney en tête), la beauté et la force de nombreuses scènes (de la rencontre avec l’abbé Faria au dîner surprise), le rythme soutenu qui permet de ne pas voir les trois heures passer : on sort de la salle ébahi. Thierry Senzier