Hormis le contexte et le moment choisi, c'est somme toute logique de l'avis de certains. Pour ceux qui connaissent bien les arcanes de la diplomatie et des relations internationales, cette échéance était attendue au regard de tous les actes posés précédemment.
Faut-il le rappeler, les ministres des affaires étrangères des « pays s'étaient retrouvés à Niamey, il y a à peu près deux mois pour discuter et s'accorder sur les textes devant régir l'AES. A cette époque le Ministre Abdoulaye Diop, en charge des affaires étrangères du Mali, avait annoncé que le départ de leurs pays de la CEDEAO était acté et sans qu'aucun retour ne soit envisagé.
Cela avait le mérite d'être clair, d'autant qu'il avait été conforté par son Président Assimi Goita, lors de sa visite récente à Ouagadougou. Tout cela pour dire que les diplomates ont travaillé sur les instruments de ratification du traité devant consacrer l'AES et sa personnalité juridique. Il n'est pas osé de le présenter ainsi, car le sommet de Niamey de ce week end en présente les allures.
Les fastes qui entourent la réunion de ce samedi 06 Juillet 2024, avec un accueil en liesse prévu pour les chefs d'Etats et leur délégation à Niamey, montre si besoin était, que les leaders de l'AES veulent non seulement donner de la solennité à l'événement, mais aussi marquer l'histoire.
Le choix de cette date par les leaders de l'AES n'est pas en soi neutre. Il se tient à vingt-quatre heures (24h ) du sommet des chefs d'Etats de la CEDEAO à Abuja, au Nigéria, avec qui le Niger partage une frontière d'environ mille kilomètres.
La rupture semble aujourd'hui consommée, si on veut vraiment faire une lecture correcte des positions des deux entités. La tenue de 2 sommets dans cette intervalle de temps, ne traduit ni plus ni moins qu'une attitude de défiance, car on ne saurait faire croire que l'agenda de la CEDEAO était inconnu des pays de l'AES.
Il s'y ajoute que la CEDEAO fait face à une difficulté réelle pour la désignation du successeur de son président en exercice, Bola Tinubu, du Nigéria, dont le mandat prend fin ce mois de juillet.
Apparemment les successeurs ne se bousculent pas . D'aucuns pensent qu'il va rempiler, peut être sans conviction, car son mandat, en tout cas sur le plan de la paix et de la sécurité, n'a connu aucune avancée majeure. Les attentats djihadistes se sont multipliés y compris dans son pays, et la Cedeao a volé en éclats à cause de mauvaises décisions dans lesquels il s'est engagé. D'où la question : un second mandat pour quoi ?
Il pourrait pourtant bénéficier de l'excuse de l'inexpérience à cette position, car si on fait une analyse lucide de la géopolitique régionale, son mandat n'était pas simple, loin de là.
L'interprétation des textes de la CEDEAO pour user de la force armée, afin de rétablir les régimes qui ont été renversés par des militaires a créé un précédent dangereux, que même les opinions publiques ont rejeté, rendant ainsi la posture de la CEDEAO illégitime. Les péripéties on les connait. L'AES depuis lors a tracé sa voie, sans qu'aucune médiation sérieuse ne soit entamée, il faut le dire, pour aplanir les différends.
Selon toute vraisemblance, la CEDEAO va reconduire le Président TINUBU pour un second mandat, qui on l'espère sera un mandat de pacification de l'espace ouest africain. L'idée qui jailli dans certains milieux serait de travailler sur de possibles accord de coopération entre les deux organisations. En cela il ya matière, notamment au niveau du commerce et des échanges, mais également au niveau sécuritaire, parce qu'ils sont tous des pays frontaliers.
Toutefois, il faut reconnaitre que si le siège de ces états de l'AES reste vide jusqu'en septembre, la dénonciation de l'Accord d'Abuja va être effectif, tel que c'est prévu dans le texte lui-même, qui fixe un délai d'un an. Sans doute cette question sera au menu des discussions des deux sommets, car il ya des conséquences, juridiques administratives et financières qu'il faudra régler.
C'est le début d'un long feuilleton, gageons que le dénouement sera heureux pour l'Afrique de l'ouest.
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