Elles sont 25 % dans l’Allier, contre 19 % au niveau national. 80 ans après l‘obtention du droit à être élues, acquis en même temps que celui de voter, les femmes maires sont toujours minoritaires en France.
Si le département de l’Allier s’en sort mieux que la moyenne nationale, avec 80 représentantes à la tête d’une commune, être une femme élue, qui plus est sur un territoire rural, implique des spécificités qui expliquent, peut-être, leur faible nombre.
Un sujet sensible« Il y a une exigence plus importante envers les femmes. On ne nous fait pas de cadeaux. » Cette affirmation d’Édith Gueugneau, maire de Bourbon-Lancy, a déclenché une salve d’approbations de la part de ses consœurs bourbonnaises, lorsque ces dernières se sont réunies pour la première fois, récemment à Gannat, à l’occasion de l’anniversaire de leur éligibilité.
« On aime faire les choses bien, et on ne veut pas lâcher », « on étudie nos dossiers beaucoup plus, et quand on les présente devant le président de la communauté d’agglo, on est plus au courant que lui ! », « un élu, pourvu qu’il ait mis une cravate, ça passe… » Les réactions des maires ont fusé, sur un sujet apparemment sensible : les différences dans l’exercice de leur mandat, entre une, et un élu.
Les participantes ont partagé des témoignages et expériences similaires.
Pour Édith Gueugneau, les conditions préalables à l’engagement en politique ne sont pas favorables aux femmes. « L’indemnité de maire dans les petites communes, la gestion de la garde des enfants ou des petits-enfants… Quand on a déjà toutes les charges familiales à gérer, ou en tout cas pas encore à l’équilibre, il faut être passionnée… »
Avec une difficulté supplémentaire en ruralité, puisque « lorsqu’on est maire d’une petite commune, il y a beaucoup de choses à défendre, et moins de personnel dans les services. Tout repose souvent sur la tête de liste : il faut décider et faire en même temps. »
« On a un rôle de médiation »Véronique Pouzadoux, maire de Gannat, affirme pourtant, s’il le faut encore, l’intérêt d’avoir une femme à cette position : « Dans certaines fonctions, le regard des femmes n’a jamais été pris en compte, donc il est utile. » Tout comme le style de management, « différent mais tout aussi efficace : on a un rôle de médiation. On sait plus facilement mettre notre ego de côté lorsqu’il faut amener tout le monde à bon port. »
Et puisque les femmes ont mis près de 100 ans à obtenir un droit que les hommes avaient déjà, une des intervenantes de cette rencontre départementale a rappelé l’essentiel : « Rien n’est acquis. Ces droits sont extrêmement fragiles. Mesdames, restez en veille : il ne faut pas baisser la garde. »
Sandrine Gras
Photos Renaud Baldassin
