Le match aller entre les deux équipes de district avait été houleux. À Moissat, le coach des locaux avait eu "des mots vulgaires" envers un joueur de Gerzat. Il avait écopé d’une sanction disciplinaire.Lors du retour, à Gerzat, le 5 mars 2023, l’ambiance est hostile. Dès l’échauffement. En tribune, des "Paysans ! Retournez sur vos tracteurs !" sont adressés à l’encontre des visiteurs. Les insultes se multiplient. La rencontre se déroule dans un climat hostile. Le coup de sifflet final, alors que le score est d’un but partout, ne ramène pas le calme. Au cours de la troisième mi-temps, la situation s’envenime.
Poursuivi par une dizaine de personnesPartie civile, l’un des joueurs de Moissat, qui a déposé plainte dès le lendemain, raconte avoir été poursuivi par une dizaine de personnes. Des supporters, mais également le prévenu, avant-centre de Gerzat : "J’étais en crampons vissés, j’ai glissé, je suis tombé sur le bitume. Là, j’ai vu un troupeau mais j’ai pas vu qui m’a agrippé. Et comme toutes les têtes se ressemblent...", témoigne-t-il à l’audience du tribunal correctionnel de Clermont-Ferrand, où il dit également son intention de raccrocher les crampons. "Le foot, c’est compliqué…"
Lors de sa déposition, il avait expliqué à la police avoir été attrapé par le cou, avant d’essuyer des coups de poing et de pied. Il avait ensuite escaladé une clôture afin de semer ses assaillants, puis était retourné au stade s’enfermer dans le vestiaire visiteur. La police avait alors été appelée en renfort.
"Le foot ne devrait être qu’une fête"Certains de ses coéquipiers auraient, eux aussi, subi des violences de la part des joueurs locaux. "C’est une triste affaire alors que le foot ne devrait être qu’une fête. Il y a du flou dans ce dossier et des incertitudes", constate Guillaume France au parquet.
L’attaquant gerzatois, lui, n’a pas pu venir à l’audience. Durant ses auditions, il avait indiqué aux enquêteurs que "le match était engagé mais correct. Il n’y a pas eu de mauvais gestes. En tribune, je n’ai pas entendu d’insultes mais il y avait du chambrage".
Une vidéo fournit des images très clairesUn supplément d’information avait été ordonné par le tribunal, la défense ayant fourni la vidéo du match, tournée par un amateur. "Les images sont très claires, aucun joueur de Gerzat n’est impliqué dans des faits de violences. Après l’aller, l’entraîneur de Moissat a pris dix matches de suspension et il y a eu des propos racistes de son équipe", plaide Me Thibault Tymen en défense.
Le président Charles Gouilhers siffle la fin du litige et condamne le joueur de Gerzat à 100 jours-amende à 10 € et à une interdiction d’enceinte sportive pendant trois ans.
Julien Moreau
