“Les erreurs du passé peuvent se renouveler et faire l’affaire des supporters de la croix de fer.” En 1995, déjà, NTM prend la mesure de la menace sur Paris sous les bombes. Alors qu’est qu’on attend ?
“Putain chié de gauche de merde.” La paire Pascal Bouaziz/Jean-Michel Pirès contribue au débat national avec un flux d’insanités glaçantes propices à influencer votre vote dimanche.
“Are you so blind that you can’t see?” L’anti-Apartheid song a été un genre en soi dans les années 1980. On en retiendra ici la plus emblématique, et sans doute la plus festive.
“Les jeux sont faits, tous nos leaders ont échoué, ils seront détruits par la bête qu’ils ont créée.” Simple, basique.
“O partigiano, portami via.” D’origine incontrôlée et à la date de naissance incertaine, popularisée par les résistant·es antifascites italien·nes, Bella ciao est devenu en France un tube de toutes les manifestations contre les inégalités.
“The British army is waiting out here.” Tout est dit sans être dit avec cette phrase glissée dans un titre rendant hommage à Leroy Smart, aux Four Tops et à Ken Boothe, alors qu’un concert de reggae se tient au Hammersmith Palais.
“If you have a racist friend now is the time for your friendship to end.” Dans le plus grand calme et sur un rythme chaloupé, les Specials délivrent un “message to you” et à la société britannique des années Thatcher.
“I can’t stand here listening to you and your racist friend.” Six ans après The Specials, They Might Be Giants ont, eux aussi, un problème avec l’amitié à moins que ce ne soit avec le racisme.
“Bah ouais, on prend pas un bateau si on sait pas nager”, une phrase cruelle pour une chanson qui l’est tout autant et qui dénonce, avec une rare acidité, le sort tragique des migrant·es.
“Comprenez-moi, la djellaba, c’est pas ce qui faut sous nos climats.” En 1977, le FN n’est encore qu’un groupuscule obscur où grenouillent anciens Waffen SS et ex-collabos. Pourtant, Alain Souchon sent déjà venir le vent mauvais.
“La jeunesse emmerde le Front national !” : le slogan culte ne figure pas dans la version studio du morceau mais ponctuera vite les versions live de Porcherie. Depuis, la jeunesse emmerde de moins en moins le Front national. En 1989, on gueulait “Plus jamais 20 % !” Moins en 2024.
“Some of those that work forces are the same that burn crosses.” Le brulôt politique des nineties et son slogan à gueuler majeur levé comme “La jeunesse emmerde le Front national !” des Bérus : “Fuck you! I won’t do what you tell me.”
“Lethal poison for the system.” Avec une ironie cinglante, M.I.A. signe un tube transfrontalier, puisque mondial, sur un sample des Clash.
“Viens, viens, allons éteindre la flamme.” C’est en amie que Diam’s s’adresse à Marine, mais sans espoir : “J’ai peur que dans quelque temps tu y arrives et que nous devions tous foutre le camp.” Comme quoi il faut (aussi) se méfier des Français·es issu·es de l’immigration chypriote.
“The president sucks, he’s a war pig fuck.” En 1992, le président incriminé se nomme George Bush, l’aîné et Sonic Youth assume d’écrire une chanson détestable (“it’s a song I hate”) pour s’élever contre le fascisme.
“Assez de l’antiracisme folklorique et bon enfant dans l’euphorie des jours de fête.” En matière de températures comme d’extrême droite, il y a la réelle et la ressentie. Ainsi de cette réaction aux lois Pasqua-Debré promulguées entre 1986 et 1997. “Français, tu dors ?”
“Ce jour-là, je me suis dit qu’il aurait mieux fallu rester chez moi.” Presque trois ans après le 21.04.2002, qui voit Jean-Marie Le Pen hissé au deuxième tour de la présidentielle, Katerine vit un autre cauchemar éveillé au sortir de la Maison de la Radio : “Putain ! Marine Le Pen !”.
“Tu veux ma rage, hein, pour que ta moyenne monte” : avec ses mots simples, l’insurrectionnelle Marseillaise Keny Arkana, toujours radicale mais nécessaire, en appelle à la désobéissance civile.
“Prenons garde, ils prospèrent pendant qu’on regarde ailleurs.” Éternel combattant contre toutes les injustices, Rachid Taha est mort en 2018, mais ses mots et ses luttes lui survivent avec notamment ce “voilà voilà que sarkocommence”, comme on l’orthographiera bien après 1993.
“Je t’aime dans la joie ou la douleur.” En 1986, il suffit qu’une bande de jeunes de banlieue, menée par Rachid Taha, orientalise l’hymne fédérateur de Charles Trenet pour que cela fasse événement et polémique. Un geste pourtant anodin, mais devenu éminemment politique.
“Ami entends-tu le vol noir du corbeau sur la plaine ?” (air connu). En 2014 déjà, le FN devient le premier parti de France aux élections européennes. Dans la foulée, et sur les pas du Chant des partisans, Benjamin Biolay dévoile un morceau coup de sang.
“Face à la montée des penchants les plus bas, on se couche.” Ou, autre option, on se lève, on prend ses cartes d’identité et d’électeur·rice, et on va mettre un bulletin dans l’urne pour dire non à une extrême droite dédiabolisée qui risque fort de se décomplexer.
Plutôt que No Pasarán, publiée cette semaine par un collectif de rappeurs qui a raté sa cible à cause de paroles outrancières, on recommandera de préférence cette compilation participative initiée par le Front des musiques indés sur laquelle on retrouve, entre autres, Lysistrata, The Psychotic Monks ou Bracco (morceaux en écoute libre ou téléchargeables contre un don à une association de votre choix).