Le désistement des deux candidats du Nouveau Front populaire face à la présence inédite de l’extrême droite au second tour a marqué l’émergence d’un front républicain en Haute-Loire. Un retrait marquant mais des déclarations parfois plus contrastées ou timides alors que la question du report des voix se pose plus que jamais.
Le désistement d’André Chapaveire dimanche soir et celui de Celline Gacon lundi matin, ont modifié la nature de la confrontation électrorale du second tour. La décision de retrait des deux représentants du Nouveau Front populaire, dans le cadre de consignes nationales, a pour objectif clair de faire barrage au Rassemblement national. Il n’y aura donc pas de triangulaires inédites sur les deux circonscriptions dans un scrutin marqué pour la première fois par la qualification du RN au second tour des législatives. Les gros scores d’Alexandre Heuzey (34,18 %) sur la première et Suzanne Fourets (32,07 %) sur la deuxième circonscription prouvent, s’il le fallait, que les choses sont loin d’être gagnées pour Laurent Wauquiez et Jean-Pierre Vigier, barons de la droite « classique » locale.Depuis lundi, le front républicain tente de s’organiser « pour dresser un barrage » à l’extrême droite, entre déclarations du monde politique altiligérien et prises de position des candidats battus. Dans un contexte de profonds changements du monde politique, quel écho va-t-il vraiment trouver chez les électeurs ? Dans le camp des candidats Républicains, on évite les calculs trop simplistes du report automatique des voix sur cette idée de barrage. « Les temps ont changé, les citoyens ne suivent pas forcément les consignes, confie-t-on en coulisses. Si certains électeurs vont voter pour nous, comme ceux qui ont choisi les candidats de la majorité présidentielle au premier tour ou certains d’une gauche modérée, d’autres seront tentés de s’abstenir ou de voter blanc. On essaye, nous, de convaincre les gens qui ne se sont pas mobilisés dimanche dernier ».
Des électeurs de plus en plus émancipésSur la deuxième circonscription, André Chapaveire (NPF) a appelé sans ambiguïté à voter en faveur du candidat républicain (Jean-Pierre Vigier, NDLR), tout comme Patricia Gire-Joubert (Ensemble). Sur la première, la figure de Laurent Wauquiez cristallise les tensions, avec des prises de position plus alambiquées. La candidate de la gauche unie, Celline Gacon, dans son communiqué pour annoncer son désistement, déplorait lundi l’attitude du président de la Région Auvergne Rhônes-Alpes. « Les résultats permettent que je me maintienne au second tour. Malgré cela, monsieur Wauquiez de la droite ultra s’est permis dimanche soir d’annoncer un duel, sans m’avoir consultée. Sa position n’est pas brillante à moins de 40 % et seulement 2 points du représentant parachuté du Front national. Jamais je n’appellerai à voter pour Monsieur Wauquiez. Vu le peu de considération qu’il a pour ces 13.694 personnes, la façon dont il traite les personnes et les sujets politiques qui ne vont pas dans l’objectif d’assouvir ses ambitions personnelles. Durant cette période, il doit s’engager à se distinguer à l’Assemblée nationale des positions de l’extrême droite. » Cécile Gallien (Ensemble) appelait, elle, « à ne pas laisser les valeurs humanistes s’éteindre parce qu’elles font ce que nous sommes ».L’écart faible du premier tour entre les candidats LR et RN rend l’issue du scrutin de dimanche ouverte. Le report de voix est donc un enjeu tout aussi crucial que difficile à lire dans un contexte où les électeurs sont de plus en plus émancipés des consignes de vote.
Christophe Darne
