Un peu plus de 6 % en 2017, près de 14 % il y a deux ans et 33,01 % dimanche dernier. En sept ans et trois participations aux élections législatives, Gilles Lacroix, secrétaire départemental du Rassemblement national, a multiplié son score par cinq dans la deuxième circonscription.
Pensez-vous que ce premier tour marque un ancrage du Rassemblement national dans la deuxième circonscription ?
Oui. C’est le résultat d’un travail sur le terrain depuis neuf ans. C’est une construction sur le long terme et ça ne va pas s’arrêter aux législatives. J’ai augmenté mon score de près de vingt points en deux ans, ce qui représente 8.000 voix supplémentaires, quand, dans le même temps, M. Bony perd un peu plus de trois points. Seulement 460 voix nous séparent avant le second tour. Ce résultat est aussi la conséquence logique de la politique qui est menée depuis des années.
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Quel a été, selon vous, le message des électeurs lors de ce premier tour ?
Le Cantal est un pays qui intègre facilement les populations, à condition qu’elles ne changent pas leur vie. Ce que le RN dénonce depuis 40 ans en matière de délinquance et d’immigration commence à gangrener Aurillac et nos campagnes. Et puis les personnes bossent, mais n’arrivent pas à boucler les fins de mois. Au niveau agricole, c’est pire. C’est ce qui fait déborder le vase. Et ce vote-là ne peut que s’amplifier dans la mesure où il n’a jamais été répondu aux attentes et aux préoccupations des gens. On leur dit : “Soyez patients, ça va s’arranger.” Mais rien ne change depuis des années. Les anciens sont inquiets et les jeunes en colère. Il faut juste se rappeler que la société, c’est le peuple et pas les énarques qui nous gouvernent.
Que pensez-vous de Jean-Yves Bony, le député sortant ?
Il explique avoir entendu la colère au moment des élections, mais il devient sourd après. Sur les retraites, il n’a pas eu le courage de voter avec le RN quand nous avons déposé une motion de censure. C’est un constat, pas une critique. Dimanche, M. Bony va ramasser les voix de qui voudra le soutenir pour aller voter contre moi alors qu’il les critiquait la semaine dernière. Mais s’il est élu, il va faire quoi à l’Assemblée ? Siéger dans un groupuscule ? Quel intérêt ? Il n’aura aucun pouvoir, aucune influence. Il rejoindra les macronistes ou il s’alliera peut-être avec le Front Populaire, uniquement pour nous contrer. Car, après nous avoir classés dans l’arc républicain, voilà que le président nous en exclut parce qu’on fait 30 % aux européennes. Mais les électeurs ne sont pas dupes.
Comment abordez-vous ce second tour alors que vous ne disposez pas forcément d’un grand réservoir de voix ?
Voter pour moi, c’est voter pour quelqu’un qui veut faire partie d’une majorité aux côtés de Jordan Bardella, et donc changer les choses pour le Cantal et le pays, avec des gens nouveaux et une politique différente. Si M. Bony est réélu, on se retrouvera dans la même situation dans six mois. Aux Cantaliens de comprendre maintenant que je représente le vote utile pour eux. Propos recueillis par Emmanuel Tremet